Si vous avez décidé de signaler le harcèlement sexuel à votre employeur, ce guide est pour vous. Voici tout ce que vous avez besoin de savoir.
Commençons par couvrir quelques renseignements généraux.
Qu’est-ce que le Code canadien du travail, qui protège-t-il, et qu’est-ce qu’il exige des employeurs?
Si vous travaillez pour un milieu de travail réglementé par le gouvernement fédéral dans une province du Canada ou si vous travaillez pour certains employeurs privés au Nunavut, dans les Territoires du Nord-Ouest ou au Yukon, il y a quelques lois qui vous offrent une protection contre le harcèlement sexuel au travail.
La Loi canadienne sur les droits de la personne indique que le harcèlement sexuel est interdit par la loi. Elle protège les gens contre la discrimination et le harcèlement basés sur des raisons précises comme le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre. En vertu de la loi, votre employeur a l’obligation de prévenir le harcèlement sexuel en milieu de travail et d’y répondre.
Le Code canadien du travailet son règlement, le Règlement sur la prévention du harcèlement et de la violence dans le lieu de travail, sont entièrement consacrés à la sécurité dans les lieux de travail. Il s’agit des lois fédérales qui protègent les travailleurs contre toutes sortes de dangers au travail, incluant la violence et le harcèlement. La partie II du Code canadien du travailporte sur le harcèlement. En vertu du Règlement, votre employeur doit avoir une politique indiquant comment il prévient et gère le harcèlement sexuel et la violence au travail, et comment il enquête à ce sujet.
La Loi canadienne sur les droits de la personne, le Code canadien du travail et le Règlement sur la prévention du harcèlement et de la violence dans le lieu de travailfonctionnent ensemble pour vous protéger contre le harcèlement sexuel.
Votre employeur a des responsabilités en vertu de chacune de ces lois.
Le Code canadien du travail et le Règlement sur la prévention du harcèlement et de la violence dans le lieu de travail s’appliquent-ils à votre situation?
Il y a deux catégories de lieux de travail qui sont touchés par le code—les secteurs privés et publics:
Voici les secteurs privés réglementés par le gouvernement fédéral:
- les banques, incluant les banques étrangères autorisées
- les aéroports, le transport aérien (ex.: Air Canada, WestJet)
- le transport interprovincial et international (ex.: les chemins de fer, les entreprises de camionnage, la navigation maritime, les autobus interprovinciaux)
- les pêches
- les compagnies de téléphone, les systèmes de télédistribution et les entreprises de télégraphie
- les entreprises de télédiffusion et de radiodiffusion
- les entreprises d’extraction et de transformation de l’uranium
- les élévateurs à grains
- les conseils de bande des Premières Nations (incluant certains services communautaires dans les réserves)
- les sociétés d’État (ex.: Postes Canada, Monnaie royale canadienne)
- les entreprises du secteur privé et les municipalités au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut
Voici les secteurs publics réglementés par le gouvernement fédéral:
- la fonction publique fédérale
- le Parlement (le Sénat, la Chambre des communes)
Si vous travaillez dans l’un de ces secteurs, vous êtes probablement un travailleur sous réglementation fédérale. Si vous n’êtes pas certain, vous pouvez communiquer avec le Programme du travail fédéral.
Le Code canadien du travailcouvre les travailleurs dans les milieux de travail réglementés par le gouvernement fédéral, incluant:
- les employés (incluant votre boss et vos collègues)
- toute personne payée pour fournir des services, incluant les entrepreneurs indépendants
- toute personne qui n’est pas payée, mais qui accomplit un travail pour un employeur avec comme principal objectif d’acquérir des connaissances ou de l’expérience, incluant les stagiaires et les bénévoles (c’est-à-dire, les personnes qui participent à un travail coopératif, à un stage d’observation, à un projet de recherche, à du travail sur le terrain ou à un stage en milieu de travail)
Qui n’est pas couvert par le Code canadien du travail?
Le Code canadien du travailne s’applique pas aux personnes suivantes:
- les individus qui travaillent dans des milieux de travail réglementés par un gouvernement provincial. Ces gens sont protégés par les lois sur les droits de la personne et les codes du travail provinciaux
Est-ce que le Code canadien du travail couvre le harcèlement sexuel lié à votre travail qui se produit en dehors du lieu de travail?
Oui! Les employeurs sont responsables de vous protéger contre le harcèlement sexuel au travail même s’il se produit en dehors du lieu de travail.
Si vous êtes harcelé sexuellement lors d’un événement organisé dans le cadre de votre travail, alors que vous travaillez de la maison ou en ligne, ou alors que vous voyagez pour le travail, ou même si un collègue vous harcèle durant un événement social lié au travail en dehors des heures de travail, votre employeur est responsable de prendre des mesures pour assurer votre sécurité.
Pour déterminer si le harcèlement est considéré comme lié au travail même s’il se produit en dehors du lieu de travail, voici quelques questions que vous pouvez vous poser:
- Étiez-vous en train de travailler ou d’effectuer d’autres tâches liées au travail?
- Étiez-vous censé être à cet endroit dans le cadre de votre travail?
- Est-ce que vous avez travaillé à cet endroit ou est-ce que quelqu’un y a parlé de travail?
- Si le harcèlement s’est produit durant une activité, comme un party de bureau, l’activité avait-elle été organisée par votre employeur?
Si le harcèlement s’est produit en ligne, demandez-vous:
- Est-ce que le harceleur est une personne avec qui vous travaillez?
- Avez-vous l’impression que vos collègues pouvaient être au courant du harcèlement?
- Y a-t-il eu des messages ou des publications à votre sujet qui ont été partagés publiquement sur les plateformes de votre milieu de travail ou à l’extérieur du travail?
Qu’est-ce que le Code canadien du travail exige d’un employeur?
Le Code canadien du travail exige des employeurs qu’ils indiquent clairement que le harcèlement sexuel ne sera pas toléré et qu’ils aient un plan pour répondre aux plaintes. Si quelqu’un porte plainte, le Code exige de l’employeur qu’il mène une enquête et prenne des mesures pour rendre le milieu de travail sécuritaire.
Le Règlement sur la prévention du harcèlement et de la violence dans le lieu de travail exige que tous les employeurs aient des politiques et des programmes sur le harcèlement sexuel. Il s’agit souvent d’un seul et même document. Voyez-les comme un guide sur comment le harcèlement sexuel et la violence seront gérés, et qui décrit à quoi vous attendre si vous signalez un cas de harcèlement sexuel au travail.
La politique sur le milieu de travail indique comment votre employeur préviendra le harcèlement et la violence au travail ou en réduira les risques. Il indique aussi comment déposer une plainte et comment l’employeur enquêtera su sujet de ces plaintes. Le programme est le plan plus détaillé indiquant comment la politique sera mise en pratique. Il explique comment signaler les cas de harcèlement et de violence au travail, et décrit le processus à suivre pour répondre aux plaintes.
La politique sur le harcèlement au travail est censée décrire ce qui suit:
- à qui signaler
- le processus de résolution des plaintes de harcèlement
- les mesures de soutien à votre disposition
- les responsabilités de votre employeur, de la personne qui reçoit les plaintes, des employés et des représentants en santé et sécurité au travail en cas d’incidents de harcèlement sexuel
- comment votre employeur protégera les renseignements personnels des personnes impliquées dans un incident de harcèlement
Les employeurs doivent créer un programme général de santé et de sécurité concernant la prévention des dangers en milieu de travail et la sensibilisation des employés aux problèmes de santé et de sécurité. Les employeurs doivent également assurer que les politiques et les programmes sont accessibles à tous les employés.
S’il n’y a pas de programme/politique sur le milieu de travail chez votre employeur, ou si votre employeur ne les respecte pas, vous pouvez déposer une plainte auprès du Programme du travail.
Consultez un exemple de politique et de programme sur le harcèlement au travail.
Qui fait quoi lorsque vous signalez le harcèlement
Personne désignée
La personne désignée est la personne nommée par votre employeur dans sa politique qui est chargée de recevoir les plaintes de harcèlement sexuel. Ce n’est pas nécessairement son travail de mener les enquêtes. Elle est censée être une personne à qui vous pouvez parler et qui s’assurera ensuite que votre plainte sera transmise aux gens qui peuvent la gérer. S’il n’y a pas de personne désignée (ou si vous ne voulez pas signaler le harcèlement à cette personne), vous devriez être capable de signaler le harcèlement à n’importe quel superviseur ou gestionnaire, ou encore au service des ressources humaines. Essayez juste d’indiquer clairement que vous souhaitez signaler officiellement un cas de harcèlement sexuel, et que vous vous attendez à ce que votre plainte soit transmise aux bonnes personnes.
Ressources humaines
Votre milieu de travail pourrait avoir un service des ressources humaines ou une personne responsable des ressources humaines. Ils se chargent de tout ce qui concerne le personnel — l’embauche, le renvoi, les avantages sociaux, la formation, les contrats, etc. Le personnel des ressources humaines peut vous être utile en vous fournissant des renseignements et en répondant à vos questions. Mais souvenez-vous que le personnel des ressources humaines travaille pour l’employeur. Son rôle n’est pas de vous représenter ou de défendre vos intérêts.
Enquêteur
Une fois qu’une plainte officielle est déposée, votre employeur doit désigner un enquêteur. L’enquêteur est censé examiner votre plainte et interroger vous, le harceleur et les témoins. L’enquêteur doit ensuite décider si ce qui vous est arrivé constitue un cas de harcèlement au travail. L’enquêteur est embauché par l’employeur. L’employeur peut choisir une personne à partir d’une liste d’enquêteurs existante, commune et approuvée. S’il n’y pas de liste, vous, votre employeur et le harceleur déciderez ensemble d’un enquêteur. Si vous n’êtes pas d’accord, l’employeur peut choisir un enquêteur à partir d’une liste fournie par le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail. L’enquêteur fera un rapport à l’employeur avec des recommandations.
Comité d’orientation en matière de santé et de sécurité
Si votre employeur compte 300 employés ou plus, il doit avoir un Comité d’orientation en matière de santé et de sécurité. Si votre employeur compte 20 employés ou plus, il doit avoir un Comité de santé et de sécurité au travail. Votre employeur peut également avoir un Comité mixte de santé et de sécurité au travail. Ces comités identifient les risques à la sécurité et offrent des recommandations à votre employeur sur la façon de préserver la sécurité dans le milieu de travail. Si leurs responsabilités précises peuvent varier, leur rôle comprend toujours la surveillance des obligations de l’employeur en vertu du Code canadien du travail et de son règlement.
Votre syndicat
Si vous êtes membre d’un syndicat, il y a une convention collective qui décrit le contrat entre le syndicat et l’employeur. Vous pouvez voir votre syndicat comme un militant pour la santé et la sécurité des milieux de travail. Son travail comprend la protection de ses membres contre des choses comme les abus, le harcèlement et la discrimination. Si votre employeur ne respecte pas la convention collective, votre syndicat peut déposer un type de plainte appelé « grief ».
Bon. Vous connaissez maintenant la base.
Maintenant, nous allons vous dire concrètement comment signaler un cas de harcèlement sexuel.
Se préparer à signaler le harcèlement
La première chose que vous devriez faire, c’est essayer d’obtenir une copie de la politique de votre milieu de travail sur le harcèlement sexuel. Elle vous dira comment vous êtes censé signaler le harcèlement et ce qui est censé se passer une fois que vous l’aurez fait.
- Elle pourrait vous dire de commencer par parler directement avec votre harceleur.
- Elle pourrait nommer les personnes auxquelles vous devriez signaler le harcèlement.
- Elle pourrait donner un délai à l’intérieur duquel vous pouvez signaler le harcèlement.
Ne vous inquiétez pas trop de suivre les procédures exactes. Tant que vous allez voir une personne en position d’autorité et que vous lui dites que vous souhaitez signaler officiellement un cas de harcèlement sexuel, ça devrait être suffisant pour faire démarrer les choses.
Il arrive assez souvent que les employeurs gèrent mal les plaintes. Vous pourriez signaler le harcèlement à quelqu’un et cette personne pourrait penser que vous ne faisiez que vous vider le cœur ou que vous lui demandiez conseil. Il est donc très important d’indiquer aussi clairement que possible que vous souhaitez signaler officiellement un cas de harcèlement sexuel. C’est aussi très fréquent que les gens ne savent pas ce qu’ils sont censés faire par la suite. Alors si rien ne semble se passer après votre plainte, vous pourriez faire un suivi afin de vous assurer que quelqu’un fait quelque chose.
Certaines personnes croient que les ressources humaines sont censées être de leur côté. Ce n’est pas vraiment le cas. Un bon employé des ressources humaines voudra assurer la sécurité du milieu de travail et saura qu’il a la responsabilité d’agir en réponse à votre plainte. Mais sa responsabilité est de protéger votre employeur, pas vous. Les gens des ressources humaines sont censés vous aider, mais ils ne sont pas vos amis ou vos défenseurs.
Vous pourriez avoir l’impression de causer des problèmes à votre employeur en signalant le harcèlement sexuel. Mais ce n’est pas vraiment le cas. Lorsque vous signalez un cas de harcèlement sexuel, vous portez un problème à l’attention de votre employeur. Vous ne l’avez pas créé: vous ne faites que le signaler.
Ça pourrait vous aider de le voir comme si vous signaliez une fuite de gaz ou un bris d’équipement. C’est une question de sécurité.
Comment signaler
Une fois que vous aurez choisi la personne avec qui parler, prenez rendez-vous avec elle. Évitez de vous présenter sans rendez-vous: vous voulez son attention complète. Si vous ne savez pas quoi dire au moment de prendre le rendez-vous, vous pouvez juste lui dire que vous souhaitez parler d’un problème en lien avec le milieu de travail.
Vous devriez signaler le harcèlement verbalement et, idéalement, en personne, pas juste à l’écrit. Apportez quelque chose que vous aurez rédigé et laissez-le à la personne. Ça peut être une bonne idée si vous craignez d’oublier de mentionner certaines choses ou si vous pensez que la personne pourrait mal vous entendre ou mal vous comprendre. Conservez par écrit ce que vous signalez, quand vous le signalez et à qui vous le signalez. Une plainte écrite peut également être utilisée comme preuve si un différend survient un jour à savoir si vous avez effectivement signalé le harcèlement et quand.
Que se passe-t-il une fois le harcèlement sexuel signalé
Après votre signalement, votre employeur doit répondre à votre plainte dans un délai de sept jours. Dans sa réponse, il doit expliquer plusieurs choses, incluant comment vous pouvez trouver la politique sur le harcèlement et la violence au travail et chaque étape du processus de règlement des plaintes. Vous et votre employeur devrez ensuite vous rencontrer pour voir si vous pouvez régler ce qui est arrivé à travers un processus de négociation. Si ça ne fonctionne pas pour vous, vous pouvez participer à un processus de conciliation et/ou à une enquête.
Pour la conciliation, vous et le harceleur devez tous les deux accepter de participer au processus. La conciliation implique une tierce partie externe qui vous aide, vous et votre employeur, à régler votre différend.
Dans une enquête, votre employeur embauche un enquêteur pour déterminer si vous avez été harcelé sexuellement ou non, et pour faire des recommandations à l’employeur sur comment régler le différend.
- L’enquêteur peut provenir du milieu de travail ou de l’extérieur de celui-ci.
- Il est censé être objectif et neutre. Pas de votre côté ou de celui du harceleur.
- Il est censé suivre la politique sur le harcèlement sexuel de votre employeur.
- Il est censé comprendre le Code canadien du travailet son règlement.
Certaines enquêtes peuvent prendre seulement une journée, alors que d’autres peuvent prendre des mois. Le Code canadien du travailne fixe aucun délai pour la durée de l’enquête, mais votre employeur peut avoir des politiques internes sur les délais.
Si l’enquête coûte de l’argent (par exemple, pour les services d’un traducteur, si vous en avez besoin), c’est votre employeur qui est censé payer. Vous ne devriez avoir aucuns frais à payer en lien avec l’enquête.
Le travail de l’enquêteur est de déterminer si ce qui vous est arrivé constitue un cas de harcèlement sexuel selon la définition du Code canadien du travail. Pour ce faire, l’enquêteur aura à discuter avec vous, la personne qui vous a harcelé ainsi que tous ceux qui ont été témoins du harcèlement.
Pour faire son travail, l’enquêteur aura besoin de demander au harceleur sa version des faits. Cela signifie que le harceleur saura alors que vous l’avez signalé.
L’enquêteur devrait vous tenir au courant du déroulement de l’enquête et de ses progrès, mais il ne vous donnera probablement pas de détails. Vous ne pourrez pas être présent lorsque les autres personnes seront interrogées et vous n’aurez pas accès aux notes et aux transcriptions des interrogations.
Comment vous préparer à l’interrogation
L’enquêteur devrait vous inviter à une rencontre durant laquelle il vous demandera de raconter votre histoire. Il vous demandera des détails (ce qui s’est passé, où, quand, etc.), s’il y a des témoins et si vous avez des documents ou d’autres preuves. Il pourrait aussi vous demander comment le harceleur vous traite depuis.
D’autres personnes pourraient être présentes lors de cette rencontre. Si votre milieu de travail a un Comité d’orientation en matière de santé et de sécurité, un Comité de santé et de sécurité au travail ou un Comité mixte de santé et de sécurité, son représentant des travailleurs peut participer au processus d’enquête si vous refusez de travailler en raison du harcèlement. S’il y a un représentant en santé et sécurité, il sera là. Il pourrait aussi y avoir une personne chargée exclusivement de prendre des notes.
Les participants à cette rencontre pourraient se comporter de façon sérieuse et officielle même s’ils vous connaissent en dehors de l’enquête. Vous pourriez avoir l’impression qu’ils sont fâchés contre vous ou qu’ils ne vous croient pas. Mais ce n’est pas nécessairement le cas. Ils essaient peut-être seulement d’être respectueux.
Il est rare qu’un enquêteur soit difficile ou agressif. Normalement, les enquêteurs essaient juste de recueillir des renseignements et de s’assurer de bien comprendre ce que vous leur dites. C’est normal que l’enquêteur vous pose beaucoup de questions et prenne en note tout ce que vous dites.
Voici ce que vous pouvez faire pour vous préparer à cette rencontre:
- S’il y a quoi que ce soit par rapport à cette rencontre qui ne vous convient pas, par exemple à propos du lieu ou du moment, vous pouvez demander une solution de rechange. Vous pouvez aussi demander d’être accompagné par une personne de soutien. Si vous avez besoin de mesures d’adaptation pour cette rencontre, par exemple les services d’un traducteur, vous devriez en faire la demande.
- Si ce n’est pas déjà fait, vous devriez mettre par écrit tous les événements importants en ordre chronologique. Essayez d’inclure autant de détails que possible comme la date, l’heure, le nom des personnes présentes, ce qui a été dit ou fait ainsi que l’endroit où c’est arrivé. Apportez une copie de ce document à votre rencontre.
- Rassemblez des copies ou des versions imprimées de tous les documents liés au harcèlement. Il peut s’agir de courriels, de captures d’écran de textos, de votre historique d’appels ou de toute autre chose que vous trouvez pertinente. Consultez Documentez tout.
Comment vous comporter durant l’interrogation
- Souvenez-vous que vous n’avez rien fait de mal et que ce n’est pas votre procès.
- Vous pouvez prendre votre temps pour répondre aux questions. Si vous n’êtes pas certain de comprendre une question, demandez qu’elle soit répétée ou reformulée.
- C’est toujours correct de demander une courte pause.
- C’est correct de prendre des notes.
- C’est tout à fait correct de vous informer sur le processus et l’échéancier de l’enquêteur.
- C’est tout à fait correct de parler à l’enquêteur des choses qui vous préoccupent.
- C’est une bonne idée de discuter avec l’enquêteur si vous êtes inquiet par rapport à la confidentialité, surtout si vous craignez que le harceleur puisse convaincre d’autres personnes de se liguer contre vous pour l’avoir signalé.
Ce qui peut mal tourner et quoi faire dans une telle situation
Que faire si mon employeur ignore ma plainte?
C’est très commun. Environ 50 % des cas de harcèlement sexuel signalés sont ignorés. Si ça vous arrive, voici ce que vous pouvez faire:
- Appelez le Programme du travail. S’il détermine que votre situation est couverte par le Code canadien du travail, il pourrait ordonner à votre employeur de mener une enquête.
- Communiquez avec votre syndicat.
- Communiquez avec votre représentant en santé et sécurité au travail.
Que faire si l’enquêteur ne semble pas neutre?
L’enquêteur est censé être juste et impartial. Mais il ne l’est pas toujours. Si vous craignez que l’enquêteur ne soit pas neutre, vous pouvez communiquer avec le Programme du travail. S’il vous donne raison, il a le pouvoir d’ordonner une nouvelle enquête.
Que faire si l’enquête s’étend sur une très longue période, ou si je ne reçois pas de mises à jour sur les progrès?
Si ça arrive, vous pouvez communiquer avec le Programme du travail, qui pourra ordonner à votre employeur de mener une nouvelle ou une meilleure enquête. Ou vous pouvez aussi communiquer avec votre syndicat ou votre représentant en santé et sécurité au travail.
Que faire si des gens font circuler des rumeurs au travail à mon sujet ou au sujet de l’enquête?
Ce n’est pas censé se produire. Les enquêteurs ont seulement le droit de divulguer des renseignements au sujet de l’enquête lorsque c’est nécessaire pour effectuer leur travail, pour protéger d’autres travailleurs ou quand la loi l’exige. (Par exemple, si des accusations criminelles sont portées, l’enquêteur pourrait avoir à partager ses informations avec la police.) L’enquêteur est censé informer toutes les personnes participant à l’enquête qu’elles ne peuvent pas en parler.
Mais c’est très commun que les gens potinent au sujet de l’enquête. Et parfois, ça peut vraiment être grave. Parfois, certaines personnes décident de soutenir le harceleur et commencent à vous maltraiter.
Si ça arrive, vous devriez le dire à votre employeur. Il est censé vous protéger contre le harcèlement qui pourrait découler de votre plainte. Ou vous pouvez signaler la situation au Programme du travail.
Que faire si vous êtes puni pour avoir signalé le harcèlement?
Être puni pour avoir signalé du harcèlement est extrêmement fréquent. Environ le tiers des personnes qui signalent un cas de harcèlement ont déclaré avoir été punies au bout du compte. Alors, oui: si vous avez l’impression que ça vous arrive, c’est probablement le cas. Nous sommes terriblement désolés.
Ce qui arrive, c’est que les gens finissent par sympathiser avec le harceleur et vous blâmer pour l’avoir signalé. Ils décident que vous êtes un « fauteur de trouble », ou un « problème » ou une « drama queen ». Ça fait en sorte que les gens vous aiment moins et commencent à vous maltraiter. Ils pourraient vous donner moins de quarts de travail, arrêter de vous aider, ou décider de ne pas vous recommander pour une promotion ou une augmentation, ou pour un autre type d’occasion.
C’est ce qu’on appelle des représailles, et elles sont si fréquentes et si affreuses que nous avons écrit un guide entier à leur sujet. Consultez Être puni pour s’être plaint et comment se protéger. SVP, lisez-le. Nous voulons que vous soyez capable de vous protéger.
Qu’arrive-t-il une fois l’enquête terminée?
Le rapport d’enquête indique à l’employeur si l’enquêteur pense qu’il y a eu harcèlement sexuel ou non, et si c’est le cas, quelles mesures il recommande pour protéger le milieu de travail contre le harcèlement sexuel à l’avenir.
Si le harceleur est quelqu’un qui travaille pour l’employeur, l’enquêteur pourrait recommander qu’il soit renvoyé, transféré, suspendu ou réprimandé. L’enquêteur pourrait aussi recommander des modifications au milieu de travail afin de le rendre plus sécuritaire, comme changer les quarts de travail ou les horaires, les politiques ou la formation. Une fois que votre employeur a reçu le rapport, il doit rencontrer votre Comité de santé et de sécurité au travail ou votre représentant en santé et sécurité. Ensemble, ils doivent décider quelles recommandations doivent être acceptées, s’il y en a. Ils ont un an pour implanter les recommandations qu’ils décident d’accepter.
Votre employeur doit fournir, à vous et au harceleur, un résumé écrit des résultats de l’enquête. Il n’y a aucun délai fixé pour que votre employeur vous donne ça, mais votre employeur peut avoir ses propres politiques concernant les délais. Votre employeur doit toutefois vous donne des mises à jour mensuelles sur comment il implante les recommandations convenues.
Votre employeur n’est pas obligé de suivre les recommandations de l’enquêteur. Il n’est pas obligé non plus de vous demander votre opinion sur ce qu’il devrait faire.
Votre employeur pourrait décider de régler le problème avec vous d’une autre façon. Il pourrait accepter de changer votre situation de travail, mais seulement si vous êtes d’accord; sans quoi il pourrait s’agir de représailles. Il pourrait vous demander de participer à un autre modèle de résolution de différends ou négocier avec vous pour vous donner une indemnisation en échange de l’abandon de la possibilité d’intenter une poursuite judiciaire, quoiqu’il soit inhabituel pour un employeur de négocier une indemnisation à moins que vous ayez quitté votre emploi. Habituellement, si vous concluez ce genre d’accord, l’employeur vous demande aussi d’accepter de ne pas parler publiquement de l’affaire en signant une entente de non-divulgation concernant les détails entourant l’incident et son règlement.
Que faire si vous n’êtes pas satisfait du résultat?
Si votre employeur décide de ne rien faire à propos du harcèlement, il ne respecte pas ses obligations en vertu du Code canadien du travail, de son règlement, et de la Loi canadienne sur les droits de la personne. Dans ce cas, vous pourriez considérer la possibilité d’en parler à un avocat, qui pourra vous aider à déterminer la voie à suivre. Consultez Comment trouver un avocat et faire affaire avec lui. Voici quelques points à prendre en considération:
- Vous pouvez porter plainte auprès du Programme du travail. Il peut envoyer son propre enquêteur pour examiner la situation et peut ordonner à votre employeur de prendre des mesures pour se conformer au Code canadien du travail, ou il peut lui ordonner de payer une amende. Le Programme du travail ne vous donnera aucun type d’indemnisation, et il ne reprendra pas l’enquête sur le harcèlement sexuel. Son rôle est plutôt de s’assurer que votre employeur respecte ses obligations en vertu du Code canadien du travail.
- La même plainte de harcèlement sexuel peut être incluse dans une demande à la Commission canadienne des droits de la personne. Elle entend les causes où il y a eu violation de la Loi canadienne sur les droits de la personne. Le tribunal peut accorder des dommages-intérêts.
- Vous pourriez être en mesure d’intenter une poursuite civile contre votre employeur, dépendamment de votre situation et des résultats de l’enquête. Consultez Comment décider s’il faut intenter une poursuite (et à quoi vous attendre si vous le faites). Consultez un avocat, qui pourra vous fournir des conseils appropriés selon votre situation. Vous devez entamer une poursuite civile dans les deux années suivant le harcèlement.
- Votre syndicat, si vous en avez un, pourrait décider de déposer un grief contre votre employeur pour avoir échoué dans la gestion de votre plainte. Il est important d’en discuter avec votre syndicat dès que possible, car il pourrait y avoir une date limite pour le dépôt d’un grief, dépendamment de votre convention collective. Consultez La procédure de règlement des griefs et la façon dont votre syndicat devrait vous aider.
- Si votre environnement de travail s’est détérioré, il pourrait sembler toxique, créant ainsi des conditions d’emploi intolérables. Vous pourriez alors déposer un grief pour congédiement déguisé. Consultez Comment décider s’il faut intenter une poursuite (et à quoi vous attendre si vous le faites). Cela signifie que vous croyez que votre emploi a tellement changé que vous considérez avoir été congédié et que vous réclamez des dommages-intérêts pour compenser le fait que vous n’avez pas reçu de préavis raisonnable. Si vous avez l’intention de faire ça, consultez un avocat parce que le dépôt d’un grief pour congédiement déguisé est complexe.