Si vous avez décidé de signaler le cas de harcèlement sexuel à votre employeur, ce guide est pour vous. Voici tout ce que vous avez besoin de savoir.
Commençons par couvrir quelques renseignements généraux.
Que dit la loi, qui protège-t-elle et qu’est-ce qu’elle exige des employeurs?
Au Yukon, il y a deux lois qui vous protègent contre le harcèlement sexuel au travail.
La Loi sur les droits de la personne du Yukon indique que le harcèlement sexuel est interdit par la loi. Elle protège les gens contre la discrimination et le harcèlement basés sur des raisons précises, incluant le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression de genre. En vertu de la loi, votre employeur a l’obligation de prévenir le harcèlement sexuel au travail et d’y répondre.
La Loi sur la sécurité et l’indemnisation des travailleurs (LSIT) se consacre entièrement à la sécurité en milieu de travail. Il s’agit de la loi du Yukon qui protège les travailleurs de toutes sortes de dangers au travail, incluant la violence et le harcèlement. En vertu de la LSIT, votre employeur a l’obligation d’avoir une politique décrivant comment il prévient et gère le harcèlement sexuel et la violence au travail, et comment il mène ses enquêtes à ce sujet. Votre employeur a aussi l’obligation de fournir de la formation aux travailleurs et de les superviser afin de s’assurer qu’ils respectent la politique
La Loi sur les droits de la personne et la LSIT fonctionnent ensemble pour vous protéger contre le harcèlement sexuel.
Votre employeur a des responsabilités en vertu de chacune de ces lois.
Est-ce que la LSIT s’applique à votre situation?
La LSIT concerne les gestes et les comportements des gens de votre milieu de travail, incluant votre boss, vos collègues, les entrepreneurs et les clients.
La LSIT couvre la plupart des travailleurs, incluant:
- les employés qui ne sont pas sous réglementation fédérale
- toute personne payée pour fournir des services, incluant les entrepreneurs indépendants
- les personnes qui ne sont pas payées, mais qui participent à un programme de placement professionnel (comme un emploi coopératif, un stage d’observation, un projet de recherche, du travail sur le terrain ou un stage en milieu de travail)
- les bénévoles dont le travail est considéré comme étant dans l’intérêt public
La LSIT n’indique pas explicitement que vous devez être un employé pour signaler un cas de harcèlement sexuel.
Qui n’est pas couvert par la LSIT au Yukon?
Voici les personnes qui travaillent au Yukon et ne sont pas couvertes par la LSIT:
- La LSIT ne s’applique pas aux milieux de travail réglementés par le gouvernement fédéral comme les bureaux de poste, les banques, les stations de radio et de télévision, les compagnies aériennes et les aéroports. Les gens dans ces industries sont protégés par le Code canadien du travail.
Si vous n’êtes pas certain de savoir si la LSIT s’applique à vous, vous pouvez le demander à la Workplace Sexual Harassment Clinic (clinique sur le harcèlement sexuel au travail).
Est-ce que la LSIT couvre le harcèlement sexuel lié à votre travail qui se produit en dehors du lieu de travail?
Oui! Les employeurs sont responsables de vous protéger contre le harcèlement sexuel au travail même s’il se produit en dehors du lieu de travail.
Si vous êtes harcelé sexuellement lors d’un événement organisé dans le cadre de votre travail, alors que vous travaillez de la maison ou en ligne, alors que vous voyagez pour le travail ou même si un collègue vous harcèle durant un événement social en dehors des heures de travail, votre employeur est responsable de prendre des mesures pour assurer votre sécurité.
Si le harcèlement se produit en dehors des heures de travail et à l’extérieur des lieux de travail, et qu’il n’est pas lié au travail, votre employeur pourrait n’avoir aucune obligation en vertu de la LSIT.
À moins que votre employeur ait une politique sur le milieu de travail qui traite des comportements en dehors des heures de travail, ou que le harcèlement déborde dans le milieu de travail. Dans ce cas, votre employeur devrait régler le harcèlement.
Si le harcèlement se produit en dehors des heures de travail et à l’extérieur du lieu de travail, la Workplace Sexual Harassment Clinic est un bon endroit pour obtenir des conseils sur vos options.
Pour déterminer si le harcèlement est considéré comme lié au travail même s’il se produit en dehors du lieu de travail, voici quelques questions que vous pouvez vous poser:
- Étiez-vous en train de travailler ou d’effectuer d’autres tâches liées au travail?
- Étiez-vous censé être à cet endroit dans le cadre de votre travail?
- Est-ce que vous avez travaillé à cet endroit ou est-ce que quelqu’un y a parlé de travail avec quelqu’un?
- Si le harcèlement s’est produit durant une activité, comme un party de bureau, l’activité avait-elle été organisée par votre employeur?
Si le harcèlement s’est produit en ligne, demandez-vous:
- Est-ce que le harceleur est une personne avec qui vous travaillez ou qui a un lien avec votre travail comme un client?
- Y a-t-il eu des messages ou des publications à votre sujet qui ont été partagés publiquement sur les plateformes de votre milieu de travail ou à l’extérieur du travail?
Qu’est-ce que la LSIT exige de l’employeur?
Le règlement de la LSIT oblige les employeurs à indiquer clairement que le harcèlement sexuel ne sera pas toléré et à avoir un plan pour répondre aux cas signalés. Si une personne porte plainte, le règlement oblige l’employeur à mener une enquête et à prendre les mesures nécessaires pour rendre le milieu de travail sécuritaire.
Le règlement exige que l’employeur établisse des politiques et des procédures en milieu de travail. Voyez-les comme un guide sur la façon dont le harcèlement sexuel et la violence seront gérés et qui décrit aussi à quoi vous attendre si vous signalez un cas de harcèlement sexuel au travail.
La politique sur le milieu de travail comporte des dispositions sur les droits des travailleurs en lien avec la violence et le harcèlement au travail. Elle indique que les travailleurs ont le droit de porter plainte à leur employeur en cas de violence ou de harcèlement. La procédure est le plan plus détaillé qui décrit comment la politique est appliquée. Elle explique comment signaler les cas de harcèlement et de violence, et le processus à suivre pour répondre aux plaintes.
La procédure sur le milieu de travail est censée décrire ce qui suit:
- le processus à suivre pour signaler les cas de harcèlement
- le processus à suivre pour signaler le harcèlement à quelqu’un d’autre qu’un superviseur ou un boss si votre superviseur ou votre boss est le harceleur
- comment les enquêtes en réponse aux plaintes seront réalisées
- comment vous serez informé des résultats de l’enquête
- comment quelqu’un peut obtenir de l’aide après avoir fait une plainte, incluant comment obtenir un traitement ou des services de consultation
La politique et la procédure doivent être mises par écrit. Selon le type de milieu de travail, votre employeur pourrait avoir à afficher les politiques écrites dans un endroit facile d’accès.
S’il n’y a pas de procédure et de politique sur le milieu de travail à votre travail, ou si votre employeur ne les respecte pas, vous pouvez signaler la situation à la Commission de la santé et de la sécurité au travail.
Qui fait quoi lorsque vous signalez le harcèlement
Personne désignée
La personne désignée est la personne nommée par votre employeur dans sa politique qui est chargée de recevoir les plaintes de harcèlement sexuel. Ce n’est pas nécessairement son travail de mener les enquêtes. Elle est censée être une personne à qui vous pouvez parler et qui s’assurera ensuite que votre plainte sera transmise aux personnes qui peuvent la gérer. S’il n’y a pas de personne désignée (ou si vous ne voulez pas signaler le harcèlement à cette personne), vous devriez être capable de signaler le harcèlement à n’importe quel superviseur ou gestionnaire, ou encore au service des ressources humaines. Essayez juste d’indiquer clairement que vous souhaitez signaler officiellement un cas de harcèlement sexuel, et que vous vous attendez à ce que votre plainte soit transmise aux bonnes personnes.
Ressources humaines
Votre milieu de travail pourrait avoir un service des ressources humaines ou une personne responsable des ressources humaines. Ils se chargent de tout ce qui concerne le personnel — l’embauche, le renvoi, les avantages sociaux, la formation, les contrats, etc. Le personnel des ressources humaines peut vous être utile en vous fournissant des renseignements et en répondant à vos questions. Mais souvenez-vous que le personnel des ressources humaines travaille pour l’employeur. Son rôle n’est pas de vous représenter ou de défendre vos intérêts.
Enquêteur
Une fois qu’une plainte officielle est déposée, votre employeur doit désigner un enquêteur. L’enquêteur est censé examiner votre plainte et interroger vous, le harceleur et les témoins. L’enquêteur doit ensuite décider si ce qui vous est arrivé constitue un cas de harcèlement au travail. L’enquêteur est choisi et embauché par l’employeur, et fournit à l’employeur un rapport comprenant des recommandations.
Comité mixte de santé et de sécurité ou représentant
Votre milieu de travail pourrait avoir un Comité mixte de santé et de sécurité ou un représentant. Ils identifient les risques à la sécurité et offrent à votre employeur des recommandations sur comment préserver la sécurité dans le milieu de travail. Si leurs responsabilités précises peuvent varier, leur rôle comprend toujours la surveillance des obligations de l’employeur en vertu de la LSIT.
Votre syndicat
Si vous êtes membre d’un syndicat, il y a une convention collective qui décrit le contrat entre le syndicat et l’employeur. Vous pouvez voir votre syndicat comme un militant pour la santé et la sécurité des milieux de travail. Son travail comprend la protection de ses membres contre des choses comme les abus, le harcèlement et la discrimination. Si votre employeur ne respecte pas la convention collective, votre syndicat peut déposer un type de plainte appelé « grief » ou vous demander de suivre une autre procédure prévue dans la convention collective.
Bon. Vous connaissez maintenant la base.
Maintenant, nous allons vous expliquer concrètement comment signaler un cas de harcèlement sexuel.
Se préparer à signaler le harcèlement
La première chose que vous devriez faire, c’est essayer d’obtenir une copie de la politique de votre milieu de travail sur le harcèlement sexuel. Elle vous dira comment vous êtes censé signaler un cas de harcèlement et ce qui est censé se passer une fois que vous l’aurez fait.
- Elle pourrait vous dire de commencer par parler directement avec votre harceleur.
- Elle pourrait nommer les personnes auxquelles vous devriez signaler le harcèlement.
- Elle pourrait donner un délai à l’intérieur duquel vous pouvez signaler le harcèlement.
Ne vous inquiétez pas trop de suivre les procédures exactes. Tant que vous allez voir une personne en position d’autorité et que vous lui dites que vous souhaitez signaler officiellement un cas de harcèlement sexuel, ça devrait être suffisant pour faire démarrer les choses.
Il arrive assez souvent que les employeurs gèrent mal les plaintes. Vous pourriez signaler le harcèlement à quelqu’un et cette personne pourrait penser que vous ne faisiez que vous vider le cœur ou que vous lui demandiez conseil. Il est donc très important d’indiquer aussi clairement que possible que vous souhaitez signaler officiellement un cas de harcèlement sexuel. C’est aussi très fréquent que les gens ne savent pas ce qu’ils sont censés faire par la suite. Alors si rien ne semble se passer après votre plainte, vous pourriez faire un suivi afin de vous assurer que quelqu’un fait quelque chose.
Certaines personnes croient que les ressources humaines sont censées être de leur côté. Ce n’est pas vraiment le cas. Un bon employé des ressources humaines voudra assurer la sécurité du milieu de travail et saura qu’il a la responsabilité d’agir en réponse à votre plainte. Mais sa responsabilité est de protéger votre employeur, pas vous. Les gens des ressources humaines sont censés vous aider, mais ils ne sont pas vos amis ou vos défenseurs.
Vous pourriez avoir l’impression de causer des problèmes à votre employeur en signalant le harcèlement sexuel. Mais ce n’est pas vraiment le cas. Lorsque vous signalez un cas de harcèlement sexuel, vous portez un problème à l’attention de votre employeur. Vous ne l’avez pas créé: vous ne faites que le signaler.
Ça pourrait vous aider de le voir comme si vous signaliez une fuite de gaz ou un bris d’équipement. C’est une question de sécurité.
Comment signaler
Vous devriez signaler le harcèlement verbalement et, idéalement, en personne, pas juste à l’écrit. Apportez quelque chose que vous aurez rédigé et laissez-le à la personne. Ça peut être une bonne idée si vous craignez d’oublier de mentionner certaines choses ou si vous pensez que la personne pourrait mal vous entendre ou mal vous comprendre. La politique de votre employeur pourrait aussi comprendre un formulaire de plainte dans lequel vous pouvez fournir les détails.
Vous devriez signaler le harcèlement verbalement et, idéalement, en personne, pas juste par écrit. Apportez quelque chose que vous avez rédigé et laissez-le à la personne. Ça peut être une bonne idée si vous craignez d’oublier de mentionner certaines choses, ou si vous pensez que la personne pourrait mal vous entendre ou mal vous comprendre.
Que se passe-t-il une fois le harcèlement sexuel signalé?
Une fois que vous aurez signalé le harcèlement sexuel, votre employeur aura à nommer une personne pour se charger de l’enquête.
- L’enquêteur peut provenir du milieu de travail ou de l’extérieur de celui-ci.
- Il est censé être neutre et objectif. Pas de votre côté ou de celui du harceleur.
- Il est censé suivre la politique sur le harcèlement sexuel de votre employeur.
- Il est censé comprendre la LSIT.
Même s’il n’y a pas d’échéances précises pour réaliser l’enquête, la Workers’ Safety and Compensation Board du Yukon recommande que le premier contact par l’enquêteur se produise dans les cinq jours.
Elle recommande également aux employeurs de fournir un rapport détaillé dans les 90 jours suivant la fin de l’enquête.
Parfois, une enquête peut prendre plus de temps, par exemple lorsqu’il y a beaucoup de témoins ou des éléments de preuve complexes à passer en revue. Si vous estimez que l’enquête n’avance pas assez vite ou si vous voulez connaître les échéanciers de l’enquêteur, vous pouvez communiquer avec lui directement.
Si l’enquête coûte de l’argent (par exemple pour les services d’un traducteur, si vous en avez besoin), c’est votre employeur qui est censé payer. Vous ne devriez avoir aucuns frais à payer en lien avec l’enquête.
Le travail de l’enquêteur est de déterminer si ce qui vous est arrivé constitue un cas de harcèlement sexuel selon la définition de la LSIT. Pour ce faire, l’enquêteur aura à discuter avec vous, la personne qui vous a harcelé ainsi que tous ceux qui ont été témoins du harcèlement.
Pour faire son travail, l’enquêteur aura besoin de demander au harceleur sa version des faits dans le cadre de son travail. Cela signifie que le harceleur saura alors que vous l’avez signalé.
L’enquêteur devrait vous tenir au courant du déroulement de l’enquête et de ses progrès, mais il ne vous donnera probablement pas de détails. Vous ne pourrez pas être présent lorsque les autres personnes seront interrogées et vous n’aurez pas accès aux notes et aux transcriptions des interrogations.
Comment vous préparer à l’interrogation
L’enquêteur devrait vous inviter à une rencontre durant laquelle il vous demandera de raconter votre histoire. Il vous demandera des détails (ce qui s’est passé, où, quand, etc.), s’il y a des témoins et si vous avez des documents ou d’autres types de preuves. Il pourrait aussi vous demander comment le harceleur vous traite depuis.
D’autres personnes pourraient être présentes lors de cette rencontre. Si votre milieu de travail a un Comité mixte de santé et de sécurité, son représentant des travailleurs sera là. S’il y a un représentant en santé et sécurité, il sera là. Il pourrait aussi y avoir une personne chargée exclusivement de prendre des notes.
Les participants à cette rencontre pourraient se comporter de façon sérieuse et officielle même s’ils vous connaissent en dehors de l’enquête. Vous pourriez avoir l’impression qu’ils sont fâchés contre vous ou qu’ils ne vous croient pas. Mais ce n’est pas nécessairement le cas. Ils essaient peut-être seulement d’être respectueux.
Il est rare qu’un enquêteur soit difficile ou agressif. Normalement, les enquêteurs essaient juste de recueillir des renseignements et de s’assurer de bien comprendre ce que vous leur dites. C’est normal que l’enquêteur vous pose beaucoup de questions et prenne en note tout ce que vous dites.
Voici ce que vous pouvez faire pour vous préparer à cette rencontre:
- S’il y a quoi que ce soit par rapport à cette rencontre qui ne vous convient pas, par exemple à propos du lieu ou du moment, vous pouvez demander une solution de rechange. Vous pouvez aussi demander d’être accompagné par une personne de soutien. Si vous avez besoin de mesures d’adaptation pour cette rencontre, par exemple les services d’un traducteur, vous devriez en faire la demande.
- Si ce n’est pas déjà fait, vous devriez mettre par écrit tous les événements importants en ordre chronologique. Essayez d’inclure autant de détails que possible comme la date, l’heure, le nom des personnes présentes, ce qui a été dit ou fait ainsi que l’endroit. Apportez une copie de ce document à votre rencontre.
- Rassemblez des copies ou des versions imprimées de tous les documents liés au harcèlement. Il peut s’agir de courriels, de captures d’écran de textos, de votre historique d’appels ou de toute autre chose que vous trouvez pertinente. Consultez Documentez tout.
Comment vous comporter durant l’interrogation
- Souvenez-vous que vous n’avez rien fait de mal et que ce n’est pas votre procès.
- Vous pouvez prendre votre temps pour répondre aux questions. Si vous n’êtes pas certain de comprendre une question, demandez qu’elle soit répétée ou reformulée.
- C’est toujours correct de demander une courte pause.
- C’est correct de prendre des notes.
- C’est tout à fait correct de vous informer sur le processus et l’échéancier de l’enquêteur.
- C’est tout à fait correct de parler à l’enquêteur des choses qui vous préoccupent.
- C’est une bonne idée de discuter avec l’enquêteur si vous êtes inquiet par rapport à la confidentialité, surtout si vous craignez que le harceleur puisse convaincre d’autres personnes de se liguer contre vous pour l’avoir signalé.
Ce qui peut mal tourner et quoi faire dans une telle situation
Que faire si mon employeur ignore ma plainte?
C’est très commun. Environ 50 % des cas de harcèlement sexuel signalés sont ignorés. Si cela vous arrive, voici ce que vous pouvez faire:
- Appelez la Commission de la santé et de la sécurité au travail du Yukon (1 800 661-0443). Si elle détermine que votre situation est couverte par la LSIT, elle pourrait ordonner à votre employeur de mener une enquête.
- Communiquez avec votre syndicat, si vous en avez un.
- Communiquez avec votre représentant en santé et sécurité au travail.
- Communiquer avec la Workplace Sexual Harassment Clinic.
Que faire si l’enquêteur ne semble pas neutre?
L’enquêteur est censé être juste et impartial. Mais il ne l’est pas toujours. Si vous craignez que l’enquêteur ne soit pas neutre, vous pouvez communiquer avec la Workers’ Safety and Compensation Board du Yukon. Si elle vous donne raison, la commission a le pouvoir d’ordonner une nouvelle enquête.
Que faire si l’enquête s’étend sur une très longue période, ou si je ne reçois pas de mises à jour sur les progrès?
Si ça arrive, vous pouvez communiquer avec la Workers’ Safety and Compensation Board du Yukon, et cette dernière peut ordonner à votre employeur de mener une nouvelle ou une meilleure enquête. Ou vous pouvez communiquer avec votre syndicat ou votre représentant en santé et sécurité au travail.
Que faire si des gens font circuler des rumeurs au travail à mon sujet ou au sujet de l’enquête?
Ce n’est pas censé se produire. Les enquêteurs ont seulement le droit de divulguer des renseignements au sujet de l’enquête lorsque c’est nécessaire pour effectuer leur travail, pour protéger d’autres travailleurs ou quand la loi l’exige. (Par exemple, si des accusations criminelles sont portées, l’enquêteur pourrait avoir à partager ses informations avec la police.) L’enquêteur est censé informer toutes les personnes participant à l’enquête qu’elles ne peuvent pas en parler.
Mais c’est très commun que les gens potinent au sujet de l’enquête. Et parfois, ça peut vraiment être grave. Parfois, certaines personnes décident de soutenir le harceleur et commencent à vous maltraiter.
Si ça arrive, vous devriez en informer votre employeur. Il est censé vous protéger contre le harcèlement qui pourrait découler de votre plainte. Ou vous pouvez signaler la situation à la Workers’ Safety and Compensation Board du Yukon.
Que faire si vous êtes puni pour avoir signalé le harcèlement?
Être puni pour voit signalé du harcèlement est extrêmement fréquent. Environ le tiers des personnes qui signalent un cas de harcèlement ont déclaré avoir été punies au bout du compte. Alors, oui: si vous avez l’impression que ça vous arrive, c’est probablement le cas. Nous sommes terriblement désolés.
Ce qui arrive, c’est que les gens finissent par sympathiser avec le harceleur et vous blâmer pour l’avoir signalé. Ils décident que vous êtes un « fauteur de trouble », un « problème » ou une « drama queen ». Ça fait en sorte que les gens vous aiment moins et commencent à vous maltraiter. Ils pourraient vous donner moins de quarts de travail, arrêter de vous aider, ou décider de ne pas vous recommander pour une promotion ou une augmentation, ou pour un autre type d’occasion.
C’est ce qu’on appelle des représailles, et elles sont si fréquentes et si affreuses que nous avons écrit un guide entier à leur sujet: Être puni pour s’être plaint et comment se protéger. SVP, lisez-le. Nous voulons que vous soyez capable de vous protéger.
Qu’arrive-t-il une fois l’enquête terminée
Le rapport d’enquête indique à l’employeur si l’enquêteur pense qu’il y a eu harcèlement sexuel et, si c’est le cas, quelles mesures il recommande pour protéger le milieu de travail contre le harcèlement sexuel à l’avenir.
Si le harceleur est quelqu’un qui travaille pour l’employeur, l’enquêteur pourrait recommander qu’il soit renvoyé, transféré, suspendu ou réprimandé. L’enquêteur pourrait aussi recommander des modifications au milieu de travail afin de le rendre plus sécuritaire, comme changer les quarts de travail ou les horaires, les politiques ou la formation.
Votre employeur devrait vous rencontrer afin d’expliquer le contenu du rapport et les mesures correctives qui seront prises.
Votre employeur n’est pas obligé de suivre les recommandations de l’enquêteur. Il n’est pas non plus obligé de vous demander votre opinion sur ce qu’il devrait faire. S’il finit par punir le harceleur, il pourrait vous en informer ou non.
Votre employeur pourrait décider de régler le problème avec vous d’une autre façon. Il pourrait accepter de changer votre situation de travail, mais seulement si vous êtes d’accord; sans quoi il pourrait s’agir de représailles. Il pourrait vous demander de participer à un autre modèle de résolution de différends ou négocier avec vous pour vous donner une indemnisation en échange de l’abandon de la possibilité d’intenter une poursuite judiciaire. Habituellement, si vous concluez ce genre d’accord, l’employeur vous demande aussi d’accepter de ne pas parler publiquement de l’affaire en signant une entente de non-divulgation concernant les détails entourant l’incident et son règlement.
Que faire si vous n’êtes pas satisfait du résultat?
Si votre employeur décide de ne rien faire à propos du harcèlement, il ne respecte pas ses obligations en vertu de la Loi sur la sécurité et l’indemnisation des travailleurs et la Loi sur les droits de la personne. Dans ce cas, vous pourriez alors décider d’en parler à un avocat, qui pourra vous aider à déterminer la voie à suivre. Consultez Comment trouver un avocat et faire affaire avec lui. Voici quelques points à prendre en considération:
- Vous pouvez communiquer avec la Workplace Sexual Harassment Clinic. L’avocate principale et/ou son assistant peuvent vous aider à comprendre les options dont vous disposez et vous fournir des renseignements et des conseils juridiques pour les prochaines étapes. Ce service est gratuit et confidentiel.
- Vous pouvez déposer une plainte à la Commission de la santé et de la sécurité au travail. Elle peut envoyer son propre enquêteur pour examiner la situation et ordonner à votre employeur de prendre les mesures nécessaires pour se conformer à la LSIT, ou elle peut lui ordonner de payer une amende. La commission ne vous fournira aucune indemnisation et elle ne se chargera pas de l’enquête pour harcèlement sexuel. Son rôle est plutôt de s’assurer que votre employeur respecte ses obligations en vertu de la LSIT.
- Si vous n’êtes pas membre d’un syndicat, la même plainte de harcèlement sexuel peut être incluse dans une demande à la Commission des droits de la personne du Yukon. Elle entend les causes dans lesquelles il y a eu violation de la Loi sur les droits de la personne. La Commission peut accorder des dommages-intérêts. Consultez Comment décider de déposer ou non une plainte relative aux droits de la personne. Envisagez la possibilité de discuter de votre situation avec un avocat.
- Vous pourriez être en mesure d’intenter une poursuite civile contre votre employeur, dépendamment de votre situation et des résultats de l’enquête. Consultez un avocat, qui pourra vous fournir des conseils appropriés selon votre situation. Vous devez entamer une poursuite civile dans les deux années suivant le harcèlement. Consultez Comment décider s’il faut intenter une poursuite (et à quoi vous attendre si vous le faites).
- Votre syndicat, si vous en avez un, pourrait décider de déposer un grief contre votre employeur pour avoir échoué dans la gestion de votre plainte. Il est important d’en discuter avec votre syndicat dès que possible, car il pourrait y avoir une date limite pour le dépôt d’un grief, dépendamment de votre convention collective. Consultez Travailler avec votre syndicat.
- Si votre environnement de travail s’est détérioré, il pourrait sembler toxique, créant ainsi des conditions d’emploi intolérables. Vous pourriez alors déposer un grief pour congédiement déguisé. Cela signifie que vous croyez que votre emploi a tellement changé que vous considérez avoir été congédié et que vous réclamez des dommages-intérêts pour compenser le fait que vous n’avez pas reçu de préavis raisonnable. Consultez Comment décider s’il faut intenter une poursuite (et à quoi vous attendre si vous le faites). Si vous avez l’intention de faire ça, consultez un avocat parce que le dépôt d’un grief pour congédiement déguisé est complexe.