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La première chose que devez savoir, c’est que beaucoup de personnes se blâment elles-mêmes. Et ça peut être mélangeant. Parce que même si on sait rationnellement que le harcèlement n’était pas de notre faute, on peut quand même se sentir comme si c’était le cas émotionnellement.

Si vous vous blâmez vous-même, voici le genre de choses que vous pouvez penser:

  • C’est de ma faute si c’est arrivé.
  • Je dois avoir dit ou fait quelque chose qui lui a donné l’impression que j’étais à l’aise avec ça.
  • Il doit y avoir quelque chose qui cloche chez moi parce que c’est moi qu’il a choisi.
  • Les gens sentent qu’il y a quelque chose chez moi qui fait en sorte que ce n’est pas dangereux pour eux de me harceler.
  • C’est de ma faute parce que ça m’est déjà arrivé avant.
  • J’aurais dû me méfier.
  • Si je (n’étais pas resté si tard/n’avais pas ri lorsqu’il racontait ses blagues/ne m’étais pas habillé de cette façon), rien de cela ne serait arrivé.

Ce genre de pensées peut vous faire ressentir de l’embarras, de la culpabilité, de la colère envers vous-même ou de la honte. Nous voulons toutefois être clairs: vous ne méritiez pas d’être harcelé sexuellement. C’est un fait, peu importe ce que vous portez, ce dont vous avez l’air, combien d’argent vous gagnez, l’endroit où vous travaillez, ce que vous faites ou quoi que ce soit d’autre.

Vous ne méritiez pas ce qui vous est arrivé. Ce n’était pas de votre faute.

Malgré tout, il arrive qu’on se blâme soi-même. Pour passer par-dessus ça, ça peut aider de comprendre pourquoi on fait ça.

Ce n’est pas de votre faute

Il est commun de se demander ce que l’on a bien pu faire pour provoquer le harcèlement sexuel.

La vérité, c’est que la personne qui vous a harcelé allait probablement harceler quelqu’un.Il est très rare qu’une personne ne harcèle sexuellement qu’une personne, une seule fois. Cette personne a probablement harcelé d’autres gens avant vous, et elle harcèlera probablement d’autres gens dans le futur.

Il est très important de comprendre qu’il n’y a rien de particulier à propos de vous qui a provoqué le harcèlement.

Le harcèlement sexuel est incroyablement commun, et toutes sortes de personnes sont harcelées. Les plus jeunes comme les plus vieux. Les personnes qui s’habillent modestement et celles qui ne le font pas. Les personnes considérées attirantes et les personnes qui ne le sont pas. Les personnes religieuses et les personnes qui ne le sont pas. Les personnes qui se comportent selon les attentes de la société et les personnes qui ne le font pas.

Sérieusement: ça n’a rien à voir avec vous. Ça n’a rien à voir avec qui vous êtes et ce que vous avez fait.

C’est facile à dire, mais pour beaucoup d’entre nous, ça peut prendre du temps avant de vraiment l’accepter. Continuez à lire pour comprendre certaines des raisons pour lesquelles on se blâme.

Vous ne pouvez pas contrôler les autres

Après avoir vécu une expérience blessante, votre cerveau cherche des façons d’empêcher l’événement de se reproduire. Même lorsque c’est quelque chose que vous ne pouvez pas contrôler, comme quelque chose qu’une autre personne fait, votre cerveau cherche des façons de vous protéger.

Vous pourriez penser des choses comme celle-ci: « Si je peux trouver ce que j’ai fait pour provoquer ça, alors je pourrai éviter de le faire et cette horrible chose ne se reproduira pas. »

Imaginez que vous trébuchez et que vous vous blessez. Vous passerez peut-être en revue ce que vous faisiez avant. Disons que vous réalisez que vous courriez, ou que vous ne regardiez pas où vous alliez lorsque vous êtes tombé et c’est ce qui a provoqué votre chute. À l’avenir, vous ralentirez et regarderez plus attentivement où vous mettez les pieds afin de ne pas trébucher de nouveau.

Mais vous ne contrôlez pas toujours les choses. Être harcelé sexuellement ressemble moins au fait d’avoir couru et trébuché, et plus au fait d’avoir été poussé par quelqu’un. Si vous réfléchissez à ce que vous avez fait ou ce que vous n’avez pas fait, ça ne vous aidera pas vraiment à empêcher le harcèlement de se reproduire.

Ce n’est pas quelque chose que vous avez fait

Vous avez peut-être déjà sorti avec la personne, ou flirté avec elle ou eu des relations sexuelles avec elle. Peut-être que vous saviez ou soupçonniez que la personne avait déjà eu des comportements inappropriés avec les autres. Peut-être que vous aviez toujours admiré cette personne, que vous la considériez comme un ami ou un mentor, ou comme quelqu’un qui vous a beaucoup aidé par le passé. Peut-être ça s’est produit plus qu’une fois.

Peut-être que lorsque c’est arrivé, vous ne saviez pas comment réagir et vous n’avez rien dit. Peut-être qu’après que ça soit arrivé, vous avez été trop gentil avec la personne ou vous lui avez assuré que ce n’était pas grave. Peut-être que la personne en question ne correspond pas à l’image qu’on se fait d’un harceleur: elle est une femme ou quelqu’un de très respecté dans la société ou quelqu’un de plus attirant que vous ou quelqu’un de plus petit que vous physiquement. Alors, vous ou les autres avez de la difficulté à croire que cette personne puisse vous faire du mal. Peut-être que vous aimez beaucoup cette personne pour d’autres raisons et que vous avez de la difficulté à la voir comme quelqu’un qui vous a blessé.

C’est important de savoir qu’il n’est pas inhabituel que la situation semble compliquée — en fait, c’est ce qui est le plus commun. La majorité des cas de harcèlement sexuel impliquent une quelconque complication.

Souvent, la personne qui vous harcèle sexuellement utilise ces complications pour semer la confusion dans votre esprit, pour nier ce qui est arrivé ou pour se convaincre elle-même ou pour convaincre les autres que ce qu’elle a fait était correct.

Mais la vérité, c’est qu’elle vous a harcelé.

Pourquoi parfois les gens ne vous croient pas

Il est possible qu’après avoir vécu du harcèlement sexuel, quelqu’un à qui vous racontez l’incident minimise, banalise ou refuse carrément de croire ce que vous lui dites.

La personne à qui vous vous confiez pourrait vous demander ce que vous avez fait, ce que vous portiez ou comment vous avez réagi, laissant entendre que c’est en quelque sorte de votre faute. Il peut alors être encore plus difficile de ne pas se sentir responsable.

Pourquoi les gens vous remettent-ils en question ou refusent-ils de vous croire? Il peut y avoir beaucoup de raisons.

  • Ils pourraient être surpris ou sous le choc.
  • Ils pourraient être incapables de concevoir que vous avez été blessé.
  • Ils pourraient être incapables de concevoir qu’une personne qu’ils respectent ou en qui ils ont confiance puisse harceler une autre personne.
  • Ils pourraient vouloir protéger la personne qui vous a harcelé ou l’entreprise pour laquelle vous travaillez.
  • Ils pourraient avoir des idées préconçues sur ce qui compte (ou ne compte pas) comme du harcèlement sexuel. Par exemple, ils pourraient présumer que ça peut seulement compter si le harceleur a été violent physiquement.
  • Ils pourraient penser que vous avez fait quelque chose pour provoquer le harcèlement ou que vous le méritiez.

On parvient tranquillement à modifier ce genre de réactions, mais l’impression qu’il est possible d’éviter le harcèlement sexuel demeure forte.

Cette vidéo permet d’illustrer à quel point vous avez tort de vous blâmer vous-même au lieu de la personne qui vous a harcelé sexuellement.

Ce qui peut aider

  • Il peut être bénéfique de comprendre pourquoi le cerveau continue de répéter (encore et encore) les raisons qui nous poussent à croire que c’est de notre faute. Souvenez-vous que, même lorsque votre cerveau parvient à identifier quelque chose que vous auriez pu faire différemment, ce n’est pas la même chose qu’être la personne qui a causé le harcèlement.
  • Souvenez-vous qu’au moment du harcèlement, vous ne saviez peut-être pas tout ce que vous savez maintenant. Même s’il y a des choses que vous feriez différemment aujourd’hui, vous n’aviez probablement pas toute l’information nécessaire pour savoir quoi faire ou ne pas faire lorsque le harcèlement s’est produit.
  • Posez-vous la question suivante: « Comment me sentirais-je si un ami proche se trouvait à ma place? » Blâmeriez-vous autant votre ami? Ou seriez-vous plus patient et protecteur? La plupart des gens ont plus de facilité à se montrer compatissant à l’égard d’un ami qu’envers eux-mêmes. Pour les mêmes raisons pour lesquelles vous ne blâmeriez pas un ami d’avoir été harcelé sexuellement, vous ne méritez pas ce blâme.
  • Souvenez-vous que le harcèlement que vous avez subi ne vous définit pas et qu’il n’affecte pas votre valeur. C’est quelque chose qui vous est arrivé. C’est quelque chose qui peut avoir un gros impact sur vous. Mais ce n’est pas de votre faute. Le harcèlement sexuel est entièrement de la faute de la personne qui vous a harcelé.
  • Discutez avec une personne compatissante et encourageante. Expliquez-lui que vous avez l’impression d’être blâmé lorsqu’on vous pose certaines questions, et dites-lui clairement ce qu’elle peut faire pour vous soutenir. Souvent, on a juste besoin de quelqu’un qui saura écouter et faire l’effort de comprendre. Si c’est difficile de trouver quelqu’un dans votre vie qui est capable de faire ça, envisagez la possibilité de parler avec un thérapeute ou un travailleur de la santé qui a de l’expérience avec les personnes qui ont subi du harcèlement sexuel. Si c’est difficile d’avoir accès à de l’aide professionnelle, songez à appeler une ligne d’aide.

Le harcèlement sexuel peut nuire à votre santé mentale de bien des façons:

  • Il peut faire en sorte que vous ayez peur d’aller au travail.
  • Il peut faire en sorte que vous soyez tendu, agité ou anxieux, et que vous soyez inquiet de ce qui va se passer par la suite. 
  • Il peut affecter votre sommeil, votre appétit ou votre capacité à profiter d’autres activités.
  • l peut faire en sorte que vous passiez beaucoup de temps à essayer de comprendre comment le faire cesser.
  • Il peut vous distraire de votre travail ou de vos autres priorités. Ça peut vous rendre inquiet au sujet de votre rendement au travail ou par rapport à vos autres responsabilités.
  • Il peut faire en sorte que vous soyez irritable et soupe au lait, ce qui peut entraîner des problèmes dans vos relations.
  • Il peut faire en sorte qu’il soit difficile de vous sentir connecté à vos proches ou d’avoir le sentiment d’être compris.

L’une des principales façons dont le harcèlement peut nuire à votre santé mentale est de faire en sorte que vous vous blâmiez (à tort!) pour avoir été harcelé.

C’est très commun que les gens se blâment eux-mêmes. C’est très commun qu’ils ressentent de la honte et de la culpabilité. Ou qu’ils aient le sentiment que c’est la preuve qu’ils sont de mauvaises personnes.

Ça peut entraîner des troubles graves de santé mentale.

Nous voulons donc vous dire très clairement: ce n’est pas de votre faute. Essayez vraiment de comprendre et de croire ça, parce que c’est important pour votre bien-être mental.

Vous allez prendre des décisions sur la façon de gérer le harcèlement, et nous voulons que vous compreniez comment ces décisions peuvent aussi affecter votre santé mentale.

Santé mentale et rester au travail

Beaucoup de gens, lorsqu’ils sont harcelés au travail, décident de garder leur emploi et d’essayer de tolérer la situation. Voici ce à quoi ça peut ressembler.

Souvent, les gens ne disent à personne qu’ils sont harcelés, sauf peut-être à un ami proche ou à un membre de leur famille. Ils peuvent prendre discrètement des mesures pour essayer de se protéger. Peut-être parlent-ils directement au harceleur pour essayer de mettre fin au harcèlement. Peut-être se joignent-ils à un « réseau de chuchotements ». Peut-être essaient-ils simplement de ne pas attirer l’attention et de se concentrer sur leur travail.

Ça peut fonctionner. Mais votre corps et votre esprit auront besoin d’être rassurés sur le fait que vous avez éliminé la menace avant qu’ils puissent commencer à se sentir plus en sécurité et moins stressés. C’est très difficile à faire si vous avez été harcelé sexuellement au travail et que vous continuez à y retourner. 

De plus, si le harcèlement continue, il continuera à nuire à votre sentiment de sécurité et de bien-être. Ça signifie plus de stress en plus de tous les autres facteurs de stress que vous avez déjà dans votre vie. Ça peut commencer à devenir insoutenable.

Même si le harcèlement cesse, retourner dans l’espace où vous avez été harcelé peut susciter des sentiments inconfortables. C’est tout particulièrement vrai si le harcèlement s’est produit sur une longue période ou s’il était grave.

Par conséquent, beaucoup de gens qui restent au travail finissent par se sentir épuisés.

Pour certaines personnes, rester au travail peut bien se passer. Mais si c’est ce que vous choisissez de faire, c’est une bonne idée de surveiller votre santé mentale pour vous assurer que, si vous commencez à présenter des signes de traumatisme ou d’épuisement professionnel, vous les reconnaissiez et trouviez des façons d’obtenir le soutien dont vous avez besoin.

Plus loin dans cet article, nous vous indiquerons certaines choses à surveiller. S’il vous plaît, essayez de surveiller l’état de votre santé mentale. C’est important. Votre santé mentale vaut la peine d’être protégée.

Santé mentale et quitter votre emploi

Le fait de quitter votre emploi pourrait ne pas avoir de sens pour vous pour des raisons financières ou professionnelles. C’est aussi complètement injuste. Pourquoi seriez-vous obligé de démissionner parce que quelqu’un a décidé de vous harceler?

Mais se sortir d’une situation non sécuritaire peut être une très bonne façon de protéger votre santé mentale, surtout s’il semble que le harcèlement ne cessera pas. Ça ne veut pas dire que vous pouvez nécessairement le faire. Toutefois, si vous pouvez démissionner, ça vaut la peine d’y réfléchir.

Si vous démissionnez, vous pourriez penser que tout le stress que le harcèlement vous cause disparaîtra immédiatement. Mais ce n’est pas vraiment ce qui arrive. Même une fois que la source originale de stress est disparue, ses effets peuvent prendre plus de temps à disparaître.

C’est important de savoir que le fait de quitter votre emploi peut également vous mener à d’autres situations stressantes, comme le chômage, le sous-emploi, la rétrogradation ou accepter un emploi à un endroit où vous n’auriez pas choisi de travailler dans d’autres circonstances. Toutes ces situations peuvent entraîner leurs propres défis et vous amener à remettre en question votre décision de changer d’emploi.

Néanmoins, c’est souvent mieux pour votre santé mentale de sortir d’un environnement qui n’est pas sécuritaire. C’est seulement lorsqu’on est dans un espace sécuritaire qu’on peut vraiment commencer à se remettre de ce qu’on a vécu. Pour en savoir plus sur la façon de quitter votre emploi, consultez Comment décider de quitter ou non votre emploi, et comment le faire correctement.

Santé mentale et signaler le harcèlement

Si vous avez un excellent employeur et des collègues qui vous soutiennent, il est possible que le signalement se passe bien pour vous. Mais malheureusement, pour de nombreuses personnes, le fait de signaler un cas de harcèlement sexuel à leur employeur peut être très, très mauvais pour leur santé mentale.

Ça ajoute une couche de traumatisme ou de détresse à la douleur que vous avez déjà vécue à cause du harcèlement sexuel.

L’une des choses qui sont vraiment communes lorsque vous signalez un cas de harcèlement sexuel, c’est que les gens réagissent en sympathisant avec le harceleur. Ils peuvent croire que vous exagérez, que vous comprenez mal ou même que vous mentez au sujet de ce qui s’est passé.

Ça arrive parce que ça peut être plus facile pour les gens de croire que quelqu’un ment ou exagère que de devoir reconnaître qu’il se passe quelque chose d’horrible—comme du harcèlement sexuel. Ce n’est ni acceptable ni juste pour vous, mais c’est malheureusement un préjugé commun à de nombreuses personnes comme les employeurs, les superviseurs et les collègues.

Décider de signaler ou non, c’est entièrement votre choix. Si vous voulez signaler, nous vous appuyons. Mais nous voulons que vous sachiez quelles peuvent être les conséquences injustes, et comment elles peuvent rendre les choses plus difficiles pour votre santé mentale et physique. Nous voulons que vous soyez prêts.

Alors, voici ce que vous devez savoir. Si vous signalez, les gens au travail peuvent vous traiter froidement, potiner à votre sujet ou vous juger. Ils peuvent sympathiser avec le harceleur ou croire que vous exagérez, que vous comprenez mal ou même que vous mentez au sujet de ce qui s’est passé. Votre boss peut vous éviter ou être dur ou formel avec vous. Il peut réduire vos heures de travail, apporter des changements dont vous ne voulez pas ou dont vous n’avez pas besoin à votre emploi, ou cesser de bien vous traiter. Le harceleur peut tenter de saboter votre capacité à faire votre travail ou essayer de retourner les autres contre vous.

Si vous participez à un processus juridique, ça peut être encore plus traumatisant. Vous pourriez avoir à décrire votre expérience encore et encore, y compris à des gens que vous ne connaissez pas. Les personnes en position d’autorité pourraient agir comme si elles ne vous croyaient pas, ou comme si ce qui vous est arrivé n’était pas grave. Malheureusement, il est beaucoup trop fréquent de ne pas obtenir le résultat recherché, et ça peut vous donner le sentiment d’être trahi. Comme si le système qui est censé vous protéger vous avait complètement laissé tomber.

Tout ça peut être mauvais pour votre santé mentale. Ça peut augmenter la probabilité de développer un trouble de stress post-traumatique, une dépression, de l’anxiété et d’autres troubles de santé mentale.

Signaler peut quand même être la bonne décision pour vous. Mais nous voulons que vous compreniez les risques que ça implique afin que vous puissiez vous y préparer.

Santé mentale et ne pas signaler le harcèlement

Certaines personnes choisissent de ne pas signaler le harcèlement sexuel par peur pour leur sécurité ou leur bien-être, ou en raison des conséquences possibles pour leur carrière ou d’autres aspects de leur vie.

Mais le fait de ne pas signaler comporte aussi certains risques.

Si vous décidez de ne pas signaler, vous pourriez vous sentir jugé par des gens qui veulent ou qui s’attendent à ce que vous signaliez. Vous pourriez vous sentir obligé de dénoncer alors que vous n’avez pas le sentiment que c’est sécuritaire, ou que vous ne savez pas ce qui est le mieux pour vous. Vous pourriez vous sentir coupable, non seulement par rapport à vous-même, mais aussi par rapport à d’autres personnes qui ont vécu du harcèlement sexuel dans le passé ou qui pourraient en vivre dans le futur.

Parfois, les gens disent ou laissent entendre que le fait de choisir de ne pas signaler un incident signifie que vous êtes décevant ou que vous trahissez votre genre, votre race, votre sexualité ou d’autres groupes dont vous faites partie. Cela peut mener à des sentiments d’embarras, de honte, de manque d’appartenance, de blâme ou de culpabilité. Ça peut aussi vous faire sentir mal compris et seul.

Nous voulons être clairs: personne d’autre que vous ne peut ou ne devrait prendre cette décision.

Vous n’êtes pas responsable d’assumer le fardeau de signaler ce qui s’est passé. Si la personne qui vous a harcelé continue de harceler d’autres personnes dans le futur, c’est entièrement la faute de la personne qui fait le harcèlement.

Nous vous encourageons à prioriser ce qui est le mieux pour vous. Signaler ou non, c’est une décision tout à fait personnelle, et une décision que vous avez le droit de prendre vous-même.

Si possible, il peut être bénéfique de parler à d’autres personnes qui vous comprennent et qui ne mettront pas de pression sur vous, et qui respectent le fait qu’il s’agit de votre décision.

Comment savoir si votre santé mentale est atteinte

Tout le monde réagit différemment au stress, et il y a donc de nombreux signes qui peuvent indiquer que votre santé mentale est atteinte. En voici quelques-uns qui pourraient vous aider à savoir si ça vous arrive:

  • Vous vous sentez seul et vulnérable.
  • Vous êtes plus irritable et soupe au lait que d’habitude.
  • Vous vous blâmez, vous avez l’impression d’être une mauvaise personne, vous vous sentez coupable ou honteux.
  • Vous êtes épuisé.
  • Vous dormez plus ou moins que d’habitude.
  • Vous mangez plus ou moins que d’habitude.
  • Vous buvez plus d’alcool ou vous consommez plus de drogues que d’habitude.
  • Vous vous éloignez de vos amis et de votre famille.
  • Vous avez peur d’être seul.
  • Vous n’aimez plus les choses que vous trouviez agréables avant.
  • Vous souffrez de maux de tête, de douleurs musculaires, de nausées, de troubles gastro-intestinaux ou d’autres symptômes physiques du stress.
  • Vous ressentez un désir d’automutilation.
  • Vous songez à mettre fin à vos jours.
  • Vous vous sentez désespéré par rapport à l’avenir.

Si, à un moment donné, vous vous demandez si la mort pourrait être une solution aux souffrances que vous vivez, c’est très important de demander de l’aide. Appelez une ligne d’aide, parlez à votre médecin de famille ou rendez-vous à l’hôpital le plus près. Essayez de vous rappeler que la manière dont vous vous sentez présentement va changer. Le plus important, c’est de rester en sécurité assez longtemps pour vous donner le temps de commencer à vous sentir mieux. Les lignes d’aide, les hôpitaux et les autres professionnels—ainsi que la famille, les amis et d’autres êtres chers—peuvent vous soutenir jusqu’à ce que cela se produise.


Si vous lisez cet article, nous supposons que vous avez été harcelé et que vous y pensez beaucoup. Les personnes que nous avons interrogées ont décrit leur harcèlement comme une « obsession », une idée à laquelle elles ne peuvent s’empêcher de penser. C’est peut-être votre cas.

Nous allons vous demander de faire quelque chose qui pourrait paraître un peu bizarre.

Nous allons vous demander pendant un moment de faire comme si le harcèlement n’était jamais arrivé. Sortez-le complètement de votre esprit.

Prenez ensuite quelques minutes pour réfléchir aux questions suivantes. Nous ne vous demanderons pas de faire quoi que ce soit avec les réponses. Nous vous demandons juste de réfléchir.

  • Qu’est-ce que vous aimez de votre travail actuel, et qu’est-ce que vous n’aimez pas?
  • Lorsque vous vous imaginez dans 5 ou 10 ans, quel emploi aimeriez-vous avoir?
  • Quels sont vos plans pour y arriver?

Maintenant, essayez de réfléchir aux questions suivantes:

  • Quelle est la prochaine étape évidente de ma carrière?
  • Si j’obtenais vraiment une bonne promotion, quelque chose qui rendrait mes amis et ma famille vraiment fiers, quel serait ce travail?
  • Dans un monde fantastique où je pourrais faire tout ce que je veux, quel genre de travail trouverais-je incroyablement satisfaisant et qui surprendrait les autres autour de moi?

Maintenant, prenez une minute pour réfléchir au genre d’emploi que vous aimez.

  • Aimez-vous la stabilité et la sécurité, ou préférez-vous ce qui est nouveau, amusant et stimulant?
  • Aimez-vous les emplois qui sont calmes et routiniers, ou préférez-vous les emplois dynamiques où vous êtes pressé dans le temps et tout va vite?
  • Aimez-vous travailler seul, ou préférez-vous faire partie d’une équipe?
  • Voulez-vous un équilibre entre le travail et la vie personnelle, ou est-ce que le travail est votre priorité?
  • Voulez-vous avoir l’impression que votre travail rend le monde meilleur, ou voulez-vous être créatif, résoudre des problèmes difficiles, gagner beaucoup d’argent ou avoir du pouvoir et de l’autorité?

Pourquoi est-ce que nous vous posons ces questions?

Parce que le harcèlement sexuel a tendance à détourner les gens de leur chemin et à leur faire oublier leurs objectifs.

C’est évident: vous n’avez pas demandé à vous faire harceler. Vous ne vous y attendiez pas, et vous n’avez probablement pas de plan sur la façon de gérer la situation. C’est donc logique que ce genre d’événement puisse vous freiner, et que vous ayez besoin de mettre le reste de côté pour déterminer comment le gérer.

C’est correct et normal, jusqu’à un certain point. Un jour, vous aurez besoin que ça arrête.

Si le harceleur peut vous détourner de votre chemin et vous faire passer tout votre temps à réfléchir à lui et à comment gérer son harcèlement… eh bien, pour nous, c’est le harceleur qui gagne. Vous êtes complètement piégé, à tourner en rond, alors que le harceleur, lui, continue de vivre sa vie comme si de rien n’était.

Nous voulons vous voir gagner.

Alors, nous allons donc rendre ça aussi clair que possible.

La meilleure façon de protéger votre carrière, c’est de continuer à vous concentrer sur votre carrière.

C’est ce que nous vous souhaitons.

Comment protéger votre carrière si vous avez signalé le harcèlement

Vous pourriez avoir de la difficulté à vous concentrer sur votre travail lorsque vous vous faites harceler. Nous vous comprenons. Oui, c’est difficile. Voici donc quelques conseils.

Si vous avez signalé le harcèlement, trouvez des occasions de discuter avec votre boss d’autres sujets le plus rapidement possible

Le sujet en tant que tel n’est pas très important. L’idée, c’est d’avoir des conversations normales et ordinaires avec votre boss qui n’ont rien à voir avec le harcèlement. Votre but est de lui montrer que vous êtes la même personne que vous étiez avant de signaler le harcèlement, afin de maintenir une relation de travail normale sans qu’il soit mal à l’aise quand il est avec vous. Vous voulez être reconnu comme « Alex, mon employé » et pas comme « Alex, qui a causé un cauchemar juridique à mon entreprise et à moi-même ».

Essayez d’éviter d’être décrit par les autres comme « la personne qui s’est fait harceler sexuellement »

Vous pourriez préparer des scénarios pour ça. Par exemple:  « J’aimerais vraiment mieux éviter de parler de harcèlement ou d’y penser, changeons de sujet » ou « J’ai dénoncé le harcèlement, et c’est pas mal derrière moi aujourd’hui. Le problème est maintenant entre lui et l’entreprise, ça n’a rien à voir avec moi. » Ça pourrait aussi ressembler à: « Je vois le harcèlement qui m’est arrivé comme une malchance, comme si j’avais eu un accident de voiture ou si je m’étais fait voler. J’aimerais vraiment passer à autre chose. »

Essayez de dissuader les gens de s’imaginer la situation comme une sorte de chicane entre vous et le harceleur

Vous pouvez également préparer des scénarios pour ça. Par exemple: « Je connaissais à peine le gars avant que ça arrive. Je connaissais à peine son nom. » Ou bien: « Je n’ai aucune idée pourquoi quelqu’un ferait quelque chose comme ça. Je me contentais de faire mon travail quand il a sorti ça de nulle part. Vraiment bizarre. » Ou encore: « Je n’ai pas vraiment d’opinion sur ce que l’entreprise devrait faire avec ça. Je ne suis pas expert en harcèlement et je ne fais pas partie des RH, alors comment pourrais-je savoir? »

Essayez de ramener l’attention des gens sur le fait que vous êtes un travailleur, un employé qui a des buts, des espoirs et des rêves

C’est très important. Tournez-vous vers les gens qui pourraient, à votre avis, vous aider dans votre carrière, que ce soit à votre travail ou à l’extérieur de celui-ci. Discutez ouvertement avec eux de vos espoirs et de vos rêves professionnels. Encouragez-les à vous parler des possibilités, à vous recommander pour des postes et à faire connaître vos compétences. Les autres peuvent vous être d’une grande aide dans votre carrière, mais ils ne peuvent rien faire s’ils ne savent pas ce que vous voulez.

Voilà nos conseils sur le sujet.

Si rien de tout ça ne fonctionne et que les choses continuent de mal aller, nous vous conseillons sérieusement de penser à chercher un nouvel emploi. Parfois, changer d’emploi est la meilleure façon de protéger sa carrière. Si c’est le cas pour vous, mieux vaut commencer rapidement, avant que votre carrière ne soit trop amochée.

Comment protéger votre carrière si vous gardez votre emploi sans signaler le harcèlement

Celle-là est facile. Si vous restez au travail sans signaler le harcèlement, votre carrière pourrait ne pas être affectée du tout.

Dans ce scénario, le harcèlement s’est éventuellement arrêté, ou vous avez trouvé un moyen d’y mettre un terme ou de l’ignorer de façon sécuritaire. Vous n’avez pas besoin de changer quoi que ce soit d’important à votre travail pour assurer votre sécurité. Personne ne parle dans votre dos. Et éventuellement, vous arrêtez d’y penser.

Les choses se passent souvent de cette façon, et si c’est ce qui vous arrive, tant mieux. Mais vous ne pouvez pas compter là-dessus.

Ce qui arrive parfois, c’est que vous pensez gérer sans trop de difficulté, alors qu’en réalité le harcèlement gruge une grande partie de votre temps et de votre énergie émotionnelle. Tout a l’air de « bien aller » (vous n’êtes pas en miettes, vous survivez), mais vous n’avez tout simplement pas le temps et l’énergie que vous aviez à consacrer à votre travail avant le harcèlement, ce qui affecte votre performance.

Ou, ça ne va pas bien du tout. Le harcèlement vous épuise et affecte votre santé mentale. La dégradation se produit si lentement que vous ne la remarquez même pas. Mais vous constatez un jour que vous êtes dans un état épouvantable.

Vous ne voulez pas que ça vous arrive. Vous devez donc surveiller votre état.

Nous vous recommandons donc de faire un bilan de votre situation. Vous pouvez le faire tous les jours, ou une fois par semaine. Peut-être l’inscrire à votre calendrier. De temps en temps, posez-vous les questions suivantes:

  • À quand remonte la dernière fois où j’ai pensé au harcèlement?
  • Quelle était la dernière fois où j’ai fait quelque chose différemment en raison du harcèlement?
  • Est-ce que le harcèlement rend mon travail plus difficile?

Si vous n’aimez pas les réponses à ces questions, il pourrait être le temps de commencer à chercher un nouvel emploi.

Comment protéger votre carrière si vous quittez votre emploi

À ce stade, vous savez que nous pensons que quitter votre emploi pourrait être une bonne façon de protéger votre carrière.

Ce n’est pas juste, et vous ne devriez pas avoir à en arriver là, mais la réalité, c’est que c’est parfois la meilleure décision.


Lorsque vous êtes harcelé sexuellement au travail, vous avez trois options de base. Vous pouvez:

  1. rester au travail et essayer de vivre avec la situation, sans signaler le harcèlement
  2. rester au travail et signaler officiellement le harcèlement à une personne en position d’autorité
  3. quitter votre emploi

Chacun de ces choix vous affectera financièrement. 

Dans cet article, nous allons les examiner un par un.

Que se passe-t-il si vous décidez de rester au travail et d’essayer de vivre avec la situation

Nous allons commencer par le choix le plus commun. La plupart des gens, du moins au début, décident de rester au travail et d’essayer de vivre avec le harcèlement.

D’un point de vue purement financier, c’est votre meilleure option parce que ça signifie que les choses resteront pas mal les mêmes sur le plan financier.

Il se pourrait que vous ayez besoin de dépenser plus d’argent pour vous protéger. (Comme prendre un taxi plutôt que l’autobus ou acheter une application de sécurité pour votre téléphone.) Ou vous pourriez vous retrouver à renoncer à une partie de vos moyens pour gagner de l’argent. (Par exemple, pour éviter le harceleur, vous devrez peut-être abandonner certains quarts de travail ou certains clients.)

Mais, en général, si vous gardez votre emploi actuel, les choses ne changeront probablement pas beaucoup d’un point de vue financier.

Du moins, pas au début.

Nous devons toutefois vous mettre en garde. Les chercheurs disent que si vous êtes harcelé sexuellement pendant une longue période—que ce soit par une personne ou par plusieurs personnes différentes—votre santé mentale commencera à se détériorer. Et ça peut finir par vous coûter de l’argent.

  • Vous pourriez finir par avoir besoin de prendre des congés de maladie non payés ou de prendre un congé pour cause de stress. Vous finirez peut-être par dépenser beaucoup d’argent sur des choses pour vous faire sentir mieux. Vous finirez peut-être par avoir besoin de voir un thérapeute ou de payer pour des médicaments.
  • À mesure que le stress s’accumule, vous pourriez vous retrouver à moins bien faire votre travail, ce qui peut aussi vous coûter de l’argent. Vous pourriez ne pas obtenir de promotion ou d’augmentation de salaire. Dans le pire des scénarios, vous pourriez être congédié.
  • Si le harcèlement dure assez longtemps, certaines personnes se réveillent un jour complètement incapables d’aller au travail. Elles sont tellement stressées et tellement brûlées qu’elles en ont tout simplement assez. Elles pensaient qu’elles s’en sortaient bien jusqu’au jour où… ce n’était plus le cas.

Rester au travail et essayer de vivre avec la situation peut bien se passer. Mais vous pourriez être affecté financièrement et, si le harcèlement est assez grave, vous pourriez vous retrouver dans l’incapacité de travailler.

Que se passe-t-il si vous décidez de signaler officiellement le harcèlement

Signaler le harcèlement sexuel est risqué.

Si vous avez un bon employeur, il s’occupera de votre plainte d’une manière appropriée, et vous ne devriez pas subir de conséquences financières.

Mais pour la plupart des gens, ce n’est pas le cas.

Lorsque les gens se plaignent d’être harcelés, il est fréquent que leur employeur finisse par les punir pour ça, et cette punition est souvent financière. Vous obtenez moins de quarts, moins d’heures, moins de tâches. Vous êtes rétrogradé, ou on vous refuse une promotion ou une augmentation de salaire que vous auriez dû obtenir. Dans le pire des cas, vous êtes congédié. Voir Comment signaler le harcèlement sexuel à votre employeur.

Et ce n’est pas seulement votre employeur qui peut vous causer du tort sur le plan financier. Vos collègues et votre réseau professionnel peuvent vous coûter de l’argent.

En effet, lorsque les gens apprennent que quelqu’un s’est plaint d’avoir été harcelé sexuellement—qu’il s’agisse d’un collègue, d’une connaissance professionnelle ou d’un boss dans une autre entreprise—il est malheureusement fréquent qu’ils décident que la personne qui a signalé est une fautrice de trouble et une drama queen.

Ça peut vous coûter de l’argent parce que, normalement, on a besoin d’autres personnes pour nous aider à faire de l’argent. Les autres nous parlent des occasions à saisir, nous disent comment obtenir une promotion ou une augmentation de salaire, et nous recommandent pour des emplois. Si ça cesse, nos finances vont en souffrir.

Donc signaler le harcèlement est financièrement risqué. Tout peut bien se passer, mais si les gens décident que vous êtes un fauteur de trouble, ça pourrait vous coûter de l’argent.

Que se passe-t-il si vous décidez de quitter votre emploi

Quitter votre emploi peut sembler être la meilleure décision financière que vous puissiez prendre. Vous pouvez partir selon vos conditions et votre propre échéancier, ce qui signifie qu’il n’y a pas d’interruption par rapport à votre paie. Et vous vous éloignez du problème et de tous les risques qu’il a engendrés.

Mais qu’arrive-t-il à la plupart des gens qui quittent leur emploi pour échapper au harcèlement sexuel? Ils finissent par gagner moins à leur nouvel emploi.

Lorsque les femmes quittent un emploi en raison du harcèlement sexuel, les recherches indiquent qu’elles passent souvent à un emploi de moindre qualité ou avec un salaire inférieur. Cela a un impact sur la sécurité économique des femmes à court et à long terme, car elles gagnent moins et finissent par prendre leur retraite avec moins de revenus.

Deborah J. Vagins et Mary Gatta, American Association of University Women
« Limiting Our Livelihoods: The Cumulative Impact of Sexual Harassment on Women’s Careers. »

Une étude a révélé que quatre personnes sur cinq qui avaient été harcelées sexuellement avaient un emploi différent deux ans plus tard. Les chercheurs ont interviewé ces personnes, et voici quelques-unes des histoires qu’ils ont découvertes:

  • Une agente de bord a fini par accepter un emploi dans un hôpital. Son salaire a chuté de 50 %.
  • Une intervenante en soins aux patients a accepté un emploi différent ou elle faisait le même type de travail. Son salaire a chuté de 9 %.
  • Une infirmière a accepté un autre emploi en soins infirmiers. Son salaire a chuté de 40 %.
  • Une adjointe administrative a accepté un emploi dans un centre d’appels. Son salaire a chuté de 52 %.
  • Une apprentie de l’industrie de la construction a accepté un poste de chauffeuse d’autobus. Son salaire a chuté de 29 %.
  • Une chef de quart dans un restaurant de restauration rapide a accepté un emploi dans un autre restaurant de restauration rapide. Son salaire a chuté de 11 %.

Ces personnes n’étaient pas seulement moins bien payées; leurs nouveaux emplois étaient aussi financièrement moins bons à d’autres égards. Ils étaient moins susceptibles d’offrir un régime de retraite. Les avantages sociaux étaient moins bons. Il y avait moins de vacances.

Pourquoi les gens se retrouvent-ils dans des emplois moins bien rémunérés?

  • Lorsqu’une personne a été harcelée, il peut être difficile d’expliquer pourquoi elle a quitté (ou quitte) son dernier emploi.
  • Elle peut finir par partir sans avoir de bonnes références.
  • Elle peut chercher un emploi où elle sera moins à risque de se faire harceler de nouveau, ce qui pourrait impliquer d’accepter un travail moins bien rémunéré.
  • Elle pourrait ne pas être au meilleur de sa forme sur le plan mental ou émotionnel pendant sa recherche d’emploi.

Les gens sont particulièrement susceptibles de subir une importante baisse de salaire s’ils travaillent dans un milieu majoritairement masculin comme les industries minière et gazière, la construction, les services de police, les forces armées, les sciences, l’ingénierie ou la technologie.

Pourquoi? Parce que les milieux majoritairement masculins paient généralement beaucoup plus que les industries où il n’y a pas beaucoup d’hommes. Les chercheurs appellent ça une « prime salariale ».

Lorsque les gens quittent un milieu de travail majoritairement masculin à cause du harcèlement, ils décident souvent de chercher un milieu de travail où il n’y a pas beaucoup d’hommes afin d’éviter d’être de nouveau harcelés.

C’est pour ça que les gens peuvent finir par avoir une grosse baisse de salaire. Ils renoncent à la « prime salariale » d’une industrie majoritairement masculine en échange d’une réduction de leur risque de se faire harceler.

Récapitulons.

  • Si vous restez au travail et essayez de vivre avec la situation, vos coûts pourraient être plutôt faibles. Mais dans le pire des cas, vous pourriez finir par être tellement stressé que vous ne pourrez plus du tout travailler.
  • Si vous faites un signalement officiel, vos coûts pourraient être nuls. Mais si vous êtes étiqueté comme un fauteur de trouble, votre carrière—et donc aussi vos finances—pourrait vraiment en souffrir.
  • Si vous quittez votre emploi, vos coûts pourraient être nuls. Mais il est assez probable que votre prochain emploi sera moins bien rémunéré et—surtout si vous travaillez actuellement dans un milieu majoritairement masculin—peut-être même beaucoup moins.

Nous avons cherché des données canadiennes sur les coûts du harcèlement sexuel au cours d’une vie, mais nous n’avons rien trouvé. Mais nous avons trouvé des données américaines.

Un rapport de 2021 de l’Institute for Women’s Policy Research des États-Unis et de la Time’s Up Foundation indique que, pour un travailleur du secteur des services faiblement rémunéré qui change d’emploi en raison du harcèlement sexuel, le coût du harcèlement sexuel au cours de sa vie sera d’environ 160 000 $. Pour un apprenti dans un milieu professionnel majoritairement masculin, le coût au cours de sa vie pourrait atteindre 1,7 million de dollars.

C’est beaucoup d’argent. Vous ne devriez pas avoir à le perdre. Ce n’est pas juste.

Mais maintenant que vous savez ce que le harcèlement sexuel peut vous coûter, vous pouvez prendre des mesures pour vous protéger.


La vérité, c’est qu’être harcelé sexuellement va très probablement vous coûter de l’argent.

C’est plate et nous sommes désolés.

Surveiller votre niveau de stress

Vous avez peut-être décidé de garder votre emploi et d’essayer de tolérer le harcèlement.

Ça pourrait bien se passer. Mais c’est risqué, et vous pourriez éventuellement vous retrouver complètement brûlé et être obligé de démissionner.

Selon les experts, lorsque le harcèlement est assez grave ou qu’il se prolonge sur une assez longue période, il peut vous épuiser mentalement au point où vous ne soyez plus capable de travailler. Et ses effets prennent les gens par surprise. Il n’est pas rare qu’une personne qui pensait bien gérer le harcèlement réalise un jour soudainement qu’elle n’est tout simplement plus capable d’aller au travail.

Vous ne voulez pas que ça vous arrive. Alors, c’est logique de garder un œil sur votre niveau de stress. Et pensez peut-être à demander à un ami de vous aider parce qu’il pourrait remarquer quelque chose que vous ne percevez pas. Consultez 20 façons de prendre soin de votre santé mentale.

Si vous prenez plus de congés de maladie ou si votre médecin vous donne plus de médicaments contre la dépression ou l’anxiété, ou si vous commencez à boire plus — surtout si ces problèmes durent depuis un moment et qu’ils empirent… Eh bien, le temps pourrait être venu de trouver un nouvel emploi — ou même une nouvelle carrière — au lieu de rester où vous êtes.

C’est mieux de commencer à chercher un emploi rapidement, alors que vous êtes encore en bonne forme, que d’attendre trop longtemps et de le faire alors que vous êtes vraiment stressé et malheureux.

Protégez-vous contre les sanctions financières liées au signalement

Lorsque les gens signalent un cas de harcèlement sexuel, c’est très commun qu’ils soient punis, incluant sur le plan financier. Vous pourriez être renvoyé ou perdre des quarts, des clients ou de nouvelles occasions.

Voici quelques trucs que vous pourriez faire pour réduire les risques:

  • Avant de signaler le harcèlement, essayez d’établir autant de bonnes relations que possible avec votre employeur et le reste des gens de votre milieu de travail.
  • Vous pourriez avoir le réflexe d’éviter d’interagir socialement avec les gens au travail. Ne faites pas ça! Vous n’avez rien fait de mal et il n’y a pas de honte à avoir, et avoir des relations solides au travail peut vous protéger contre les jugements et les punitions après votre signalement.
  • Lorsque vous signalez le harcèlement, indiquez clairement à votre employeur que vous aimez votre travail et votre employeur, et que votre but est simplement de lui signaler un problème de sécurité pour qu’il puisse le régler. Essayez d’établir clairement que c’est vous et votre employeur contre le harcèlement, et non une situation de conflit entre vous et l’employeur.
  • Indiquez clairement à votre employeur qu’en vertu de la loi, vous n’êtes pas censé subir de pertes financières en raison du harcèlement. Donc, si quelqu’un doit perdre de l’argent (en raison d’une réduction des quarts, ou de fonctions moins bien rémunérées), ça devrait être le harceleur, pas vous. Parfois, les employeurs ne sont pas au courant de ça, alors ça peut aider de leur dire.
  • Ce n’est pas vous qui êtes responsable de déterminer comment vous protéger du harceleur. C’est le travail de votre employeur. Mais si vous avez déjà pensé à des solutions qui permettraient à votre employeur de vous protéger, vous devriez lui en faire part. Si vous pouvez aider à régler le problème, l’employeur pourrait être moins porté à vous punir.
  • Si d’autres personnes se font harceler, essayez de les convaincre de signaler leurs cas aussi. De cette façon, il y a moins de chance que l’employeur vous étiquette et décide que c’est vous le problème.
  • S’il y a des personnes qui ont été témoins de l’incident, essayez de les convaincre de parler—ou mieux encore, de signaler elles-mêmes l’incident au lieu que ce soit vous qui le fassiez. Il arrive que les employeurs prennent les plaintes plus au sérieux lorsqu’elles viennent d’une autre personne que celle qui est harcelée. 
  • Après le signalement, essayez de ramener la discussion entre vous et votre employeur à vos objectifs de carrière. (Vous pourriez par exemple demander de suivre une formation, ou lui demander de vous aider à déterminer comment grimper les échelons au sein de l’entreprise.) L’idée ici est d’aider votre employeur à vous voir comme quelqu’un qui aura une longue carrière avec lui au lieu de vous voir comme quelqu’un qui n’est pas heureux et qui quittera probablement son poste.
  • Faites la même chose avec vos collègues et votre réseau professionnel. Parlez ouvertement avec les autres de votre travail et de vos objectifs professionnels. Ça les aidera à vous voir moins comme une victime de harcèlement et plus comme une personne qui a son travail à cœur.

Si vous pensez que vous pourriez avoir besoin d’un nouvel emploi, commencez vos recherches rapidement

Éventuellement, beaucoup de gens finissent par avoir besoin ou par vouloir un nouvel emploi — soit pour fuir le harcèlement ou parce qu’ils ont été punis pour s’être plaints. Mais si vous attendez trop longtemps, vous pourriez vous retrouver dans une situation où vous aurez à faire vos recherches dans l’urgence, ce qui pourrait vous forcer à accepter un emploi dont vous ne voulez pas vraiment. C’est logique de commencer vos recherches rapidement.

Voici quelques trucs à prendre en considération en réfléchissant à un nouvel emploi:

  • Avez-vous moins de chances d’être harcelé à ce nouvel emploi?
  • Est-ce que la paie et les avantages sont aussi bons (ou meilleurs) que ceux de l’emploi que vous quittez?
  • Est-ce que le nouvel emploi vous convient? L’emplacement, les horaires, les possibilités d’avancement?
  • Si on vous demande pourquoi vous quittez votre emploi actuel, que répondrez-vous?
  • Est-ce que votre boss actuel pourra vous donner une bonne référence? Sinon, est-ce qu’un collègue pourrait le faire?

Avant de quitter votre emploi, parlez à un avocat

C’est très important.

Si vous décidez de quitter votre emploi en raison du harcèlement, ou si vous vous faites renvoyer après avoir déposé une plainte pour harcèlement, nous vous encourageons fortement à discuter avec un avocat.

Un avocat peut vous aider à déterminer s’il y a une façon d’obliger votre employeur à vous payer pour les frais causés par le harcèlement ainsi que pour les difficultés et le stress occasionnés par celui-ci. Débourser quelques centaines de dollars pour une consultation pourrait s’avérer un investissement très judicieux.

Lisez sur le fonctionnement des lettres de mise en demeure, la façon de les rédiger et la façon de les envoyer, ainsi que sur la façon de trouver un avocat et de travailler avec lui.

Apprenez à être prudent sur le plan financier

C’est peut-être le conseil le plus important que nous pouvons vous donner.

Si vous avez été harcelé, ce ne sera probablement pas la dernière fois.

Il y a des catégories de personnes qui font face à un risque disproportionné de harcèlement, et si vous lisez ceci, vous en faites probablement partie.

Si vous êtes une femme. Si vous avez moins de 40 ans. Si vous êtes une personne racialisée, 2SLGBTQIA+ ou handicapée. Si vous êtes un immigrant ou un réfugié. Si vous ne parlez pas la langue dominante de l’endroit où vous vivez. Si vous travaillez dans un environnement dominé par les hommes. Si vous n’êtes pas très sociable. Si vous êtes pauvre.

Plus vous cochez de ces cases, plus vous êtes à risque d’être harcelé.

Si vos risques sont élevés, il est très probable que vous subirez des pertes financières liées au harcèlement au cours de votre vie professionnelle, possiblement à plusieurs reprises.

Et ça veut dire que vous devez être prudent avec votre argent. D’autres peuvent peut-être se permettre d’être négligents. Ce n’est pas votre cas.

Voici les types d’habitudes et de pratiques qui pourraient vraiment faire une différence sur le plan financier au cours de votre vie professionnelle:

  • Ouvrez un compte de banque spécial pour vos économies, et configurez le transfert automatique d’un montant à chaque paie.
  • Si vous obtenez une augmentation, essayez d’agir pendant un certain comme si vous n’en aviez pas reçu une, et mettez le surplus d’argent directement dans vos économies.
  • Faites l’examen de vos dépenses récurrentes, comme votre abonnement au gym et vos abonnements en ligne. Si vous n’en profitez pas vraiment, songez à les annuler ou à opter pour un abonnement comportant moins de services et moins cher.
  • Collaborez avec vos amis pour aider tout le monde à acheter moins de choses. Au lieu de vous encourager les uns les autres à dépenser, essayez de créer un climat où vous vous entraidez en vue d’éviter d’acheter des choses.
  • Cherchez des façons de séparer les dépenses importantes avec vos amis et votre famille, en partageant par exemple les comptes de vos abonnements aux services de divertissement en ligne, ou en vous inscrivant à des plans familiaux.
  • Si vous avez besoin de quelque chose pour un court moment, comme un article de cuisine ou de l’équipement sportif, vérifiez s’il serait possible de l’emprunter au lieu de l’acheter.
  • Cherchez des façons d’échanger des services avec vos amis, comme du gardiennage, des coupes de cheveux ou des réparations, au lieu de payer quelqu’un pour le faire.
  • Trouvez-vous des passe-temps qui vous permettront d’économiser de l’argent, comme la couture, la cuisine, faire pousser des légumes ou remettre en état des meubles.
  • Trouvez-vous des passe-temps gratuits, comme prendre des marches ou organiser des potlucks ou des soirées de jeux de société.

Si votre travail exige que vous soyez « attirant »

Nous voulons finir avec une mention spéciale pour les personnes dont le travail exige qu’elles soient attirantes pour les hommes.

Si vous travaillez dans l’un de ces domaines, ça pourrait aller de soi — par exemple, si vous êtes un artiste, un hôte, un barman, un serveur ou un travailleur du sexe. Mais il y a aussi beaucoup d’emplois où les gens pensent être appréciés pour leurs compétences et leurs habiletés alors qu’ils sont appréciés au moins en partie parce qu’ils sont attirants pour les hommes. Ça pourrait être le cas si vous êtes, par exemple, un vendeur, un collecteur de fonds, un représentant pharmaceutique, un courtier immobilier, un journaliste, un responsable des relations publiques, un entraîneur personnel, un recruteur, un réceptionniste ou un assistant personnel.

Dépendamment de la valeur accordée par votre travail à votre capacité à plaire aux hommes, vous arriverez éventuellement à un point où vous serez trop vieux pour votre travail actuel.

Nous avons parlé à beaucoup de personnes dans cette situation, et voici quelques trucs qu’elles tenaient à vous dire:

  • Même si vous savez que vous serez éventuellement trop vieux pour votre emploi, vous n’avez pas nécessairement de plan par rapport à ce que vous ferez rendu là. Vous devriez faire un plan. Jetez un coup d’œil aux personnes qui ont déjà travaillé dans votre domaine. Regardez ce qu’elles ont fait par la suite, et déterminez ce que vous voulez faire.
  • Vous pourriez vous retrouver à dépenser beaucoup d’argent pour soigner votre image et vous rendre attirant. Vous trouvez peut-être ça amusant, et avez l’impression que c’est un passe-temps ou une façon de prendre soin de vous. Mais ce que les gens disent, c’est qu’ils ont fini par regretter d’avoir « gaspillé » autant d’argent en vêtements, en coiffure et en maquillage. Leur conseil? Quand vous dépensez pour ce genre de choses, voyez-les comme des dépenses professionnelles. Ne les voyez pas comme quelque chose que vous faites pour vous. Dépensez ce que vous avez à dépenser, mais pas plus. 
  • À l’époque, ces personnes n’avaient pas nécessairement réalisé qu’elles ne gagneraient plus jamais autant d’argent. Les revenus de certaines ont atteint leur sommet dans la vingtaine et n’ont fait que diminuer par la suite. Ces personnes disent qu’elles n’ont pas fait d’économies durant leurs « années de richesse ». Elles gagnaient de l’argent et le dépensaient. Elles disent que si elles pouvaient remonter dans le temps, elles feraient beaucoup, beaucoup plus d’économies.

Donc. Si vous travaillez dans un domaine pour lequel vous serez éventuellement trop vieux, tous les conseils du présent article — surtout ceux sur le fait d’être prudent sur le plan financier —s’appliquent doublement à vous. Nous vous encourageons fortement à écouter les conseils des gens qui sont passés par là.

Récapitulation

Si vous êtes harcelé sexuellement, il y a cinq façons de vous protéger contre les problèmes financiers:

  1. Surveiller vos niveaux de stress. Si vous commencez à présenter des signes de stress, commencez immédiatement à chercher un nouvel emploi. N’attendez pas d’être complètement brûlé.
  2. Faites votre possible pour établir des relations de travail solides et positives. Elles peuvent aider à vous protéger contre les sanctions financières liées au signalement du harcèlement.
  3. Commencer à chercher un nouvel emploi rapidement, même si vous n’êtes pas certain que c’est ce que vous voulez. Vous voulez mener vos recherches de façon calme et réfléchie, pas dans la panique.
  4. Si vous souhaitez quitter votre emploi (ou si vous êtes renvoyé), nous vous encourageons fortement à discuter avec un avocat. Il pourrait vous aider à déterminer comment obliger votre employeur à vous verser une indemnité pour les torts que vous avez subis.
  5. Développez l’habitude d’être prudent avec votre argent afin d’avoir un coussin lorsque vous en aurez besoin.

Enfin, si vous travaillez dans un domaine qui exige que vous soyez attirant pour les hommes, tous ces conseils s’appliquent doublement à vous parce que vous serez éventuellement trop vieux pour votre travail actuel.

Nous voulons terminer en répétant quelques trucs que nous avons mentionnés précédemment.

Ce n’est pas votre faute, et vous n’êtes pas seul. Ce qui vous arrive, ça arrive à beaucoup de personnes. Vous ne méritez pas d’être harcelé, et vous ne méritez pas d’être puni pour avoir été harcelé. Rien de tout ça n’est votre faute.

La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des choses que vous pouvez faire pour vous protéger.

S.V.P., protégez-vous, parce que vous méritez de l’être.


Vous n’avez pas demandé à être harcelé sexuellement. Ce n’est pas comme si vous aviez un plan pour ça.

C’est pourquoi les experts disent qu’avant de faire quoi que ce soit, c’est une bonne idée de prendre un peu de temps pour recueillir de l’information. Ça devrait vous aider à décider quoi faire par la suite.

Voici ce que vous essayez de déterminer.

Est-ce que vous travaillez dans le genre d’endroit qui tolère le harcèlement?

On ne peut pas le savoir avec certitude. Mais voici quelques questions que vous pouvez vous poser:

  • Est-ce que votre milieu de travail est agressif et compétitif?
  • Est-ce que les dirigeants sont principalement des hommes?
  • Est-ce que certaines personnes au travail détiennent beaucoup de pouvoir alors que d’autres n’en détiennent presque pas?
  • Est-ce que les gens parlent beaucoup de sexe et font beaucoup de blagues sexuelles?
  • Est-ce que les gens se moquent ouvertement des autres?
  • Est-ce que les gens sont ouvertement racistes ou sexistes?
  • Avez-vous déjà vu quelqu’un être maltraité sans que personne n’intervienne pour mettre fin au mauvais traitement?
  • Y a-t-il quelqu’un qui harcèle les autres au vu et au su de tous, et sans que personne n’intervienne pour l’arrêter?

Ces questions sont autant de mauvais signes. Si elles décrivent votre milieu de travail, ça laisse entendre qu’il pourrait tolérer le harcèlement sexuel.

Voici d’autres questions à se poser:

  • Est-ce que votre milieu de travail se soucie de l’équité?
  • Est-ce que votre boss semble se soucier de vous en tant que personne?
  • Y a-t-il un service des ressources humaines?
  • Avez-vous déjà suivi une formation sur le harcèlement sexuel au travail?
  • Y a-t-il une politique sur le harcèlement sexuel à laquelle vous pouvez facilement avoir accès?
  • Y a-t-il un assez bon équilibre entre les genres dans votre milieu de travail?
  • Est-ce qu’il y a des femmes, des personnes 2SLGBTQIA+ et des personnes racialisées parmi les cadres?
  • Seriez-vous capable de signaler le harcèlement à une personne qui n’est pas un homme?
  • Connaissez-vous la personne à qui vous signaleriez le harcèlement et lui faites-vous confiance?
  • Lorsqu’une personne se comporte mal au travail, y a-t-il quelqu’un qui intervient pour l’arrêter?
  • Est-ce que votre milieu de travail semble respecter les gens qui y travaillent?
  • Est-ce que votre milieu de travail semble se soucier des gens en tant que personnes?

Si ces questions décrivent votre milieu de travail, c’est bon signe. Ça laisse entendre que votre employeur pourrait prendre le harcèlement sexuel au sérieux.

Pourquoi est-ce important? Parce qu’il y a beaucoup de différences d’un employeur à l’autre. Certains sont formidables et prendront rapidement des mesures pour régler le problème. Certains sont affreux et vous puniront pour avoir seulement osé mentionner ce problème. (C’est illégal, mais ça arrive quand même.) Ça vaut la peine de prendre un peu de temps pour réfléchir à votre employeur et aux chances pour qu’il gère bien ce problème.

Y a-t-il des collègues avec qui vous pouvez parler?

Parler avec un collègue peut être très utile, ou vous causer de sérieux problèmes. Tout dépend du collègue en question.

Un bon collègue vous croira et vous soutiendra. Il pourrait vous fournir des renseignements et des conseils utiles. Il pourrait être capable de vous protéger de la personne qui vous harcèle ou vous aider à convaincre vos boss de prendre le harcèlement au sérieux.

Un mauvais collègue pourrait vous juger ou potiner à votre sujet.

Avant de parler à un collègue, ça vaut la peine de prendre un peu de temps pour déterminer qui semble digne de confiance.

Y a-t-il des personnes en position d’autorité à votre travail à qui vous pourriez faire confiance?

Réfléchissez aux personnes de votre milieu de travail en position d’autorité:

  • votre propre superviseur
  • le boss de votre superviseur, s’il en a un
  • les gens des ressources humaines ou responsables des horaires
  • toute personne qui travaille là depuis longtemps 
  • toute personne qui semble être prise au sérieux par les autres
  • toute personne en position d’autorité, même si c’est quelqu’un d’un autre service ou d’une autre division
  • votre représentant syndical, si vous faites partie d’un syndicat, ou un autre membre de votre syndicat comme une « représentante des femmes » ou un « agent des droits de la personne »
  • toute personne responsable de la santé et de la sécurité des travailleurs

Que pensez-vous de ces personnes? Y a-t-il quelqu’un qui vous semble particulièrement attentionné ou gentil? Y a-t-il quelqu’un que vous avez déjà vu défendre quelqu’un de plus faible ou intervenir afin d’arrêter un comportement problématique?

Pourquoi est-ce important? Parce que vous pourriez avoir besoin un jour de parler à quelqu’un en position d’autorité afin d’obtenir des conseils ou de l’aide. Ça vaut la peine de réfléchir maintenant à la personne que vous pourriez choisir.

Y a-t-il une politique sur le harcèlement sexuel, et si oui, qu’est-ce qu’on y dit?

Certains employeurs ont une politique sur le harcèlement sexuel et d’autres non. La plupart des grands employeurs en ont une.

Si votre employeur en a une, elle pourrait être affichée sur un mur ou sur le site intranet de l’entreprise, lorsqu’il y en a un. Parfois, la politique fera partie d’un guide de l’employé ou d’un manuel de ressources humaines. Le nom de la politique pourrait ne pas inclure les mots « harcèlement sexuel ». Si vous ne trouvez rien avec ces mots, vous pouvez essayer de chercher des expressions comme « harcèlement au travail », « violence au travail », « respect au travail », « code de conduite » ou « code des bonnes pratiques ».

Si vous n’arrivez pas à trouver par vous-même, vous pourriez être capable d’obtenir une copie auprès de votre représentant syndical ou de votre représentant des ressources humaines, si vous en avez. Vous devriez faire attention à la façon dont vous faites votre demande. Songez à demander le guide des employés ou le livre des politiques, et évitez peut-être de mentionner pourquoi vous en avez besoin si vous avez l’impression que ça pourrait être dangereux de le dire.

Si vous faites partie d’un syndicat, votre convention collective pourrait aussi contenir des renseignements sur le harcèlement sexuel. Vous pouvez demander une copie à votre représentant syndical.

Pourquoi devriez-vous faire tout ça?Si votre employeur a une politique détaillée, c’est bon pour vous de savoir ce que ça dit. S’il n’en a pas, c’est aussi une information utile. Pour le moment, vous ne faites que recueillir de l’information, et plus vous en aurez, mieux ce sera,

Quels autres soutiens avez-vous?

C’est le bon moment pour commencer à déterminer quels autres soutiens pourraient s’offrir à vous.

Attention

Ci-dessous, nous allons vous fournir des liens vers des organisations précises. Nous n’appuyons pas ces organisations ou leur travail, et nous ne garantissons pas qu’elles pourront vous aider. Ce ne sont que des exemples des types de soutien qui pourraient s’offrir à vous. Vous devriez effectuer vos propres recherches afin de trouver des organisations et des associations qui pourraient convenir à votre situation.

Pourquoi est-ce important? Les experts disent qu’à cette étape, vous devriez regarder autour de vous afin de voir où vous pourriez trouver de l’aide si vous en avez besoin. Vous ne voudrez peut-être pas entrer en contact avec ces personnes et ces groupes maintenant, mais vous pourriez vouloir le faire plus tard.

C’est tout!

Vous en avez déjà fait beaucoup. Vous avez évalué votre milieu de travail, déterminé à qui vous pourriez faire confiance, déterminé s’il existe une politique qui pourrait vous protéger et identifier certaines ressources qui pourraient vous être utiles plus tard si vous en avez besoin.

C’est formidable. Vous êtes maintenant mieux équipé pour déterminer ce que vous voulez faire.


Attention

Il s’agit juste ici de renseignements généraux, pas de conseils juridiques. Si vous avez besoin de conseils juridiques, nous vous encourageons à trouver un avocat qui pourra vous aider. Consultez

Si vous sentez qu’on vous harcèle sexuellement, vous avez probablement raison. Il est très rare que les gens se trompent lorsqu’ils sentent qu’ils se font harceler sexuellement. C’est vous qui connaissez le mieux votre propre situation et si ce qui arrive ressemble à du harcèlement sexuel, c’est presque certain que c’en est.

Vous vous demandez peut-être s’il s’agit de harcèlement sexuel au travail si le problème arrive à tout le monde et qu’il arrive tout le temps

Il y a beaucoup de milieux de travail où le harcèlement sexuel est extrêmement commun. Comme dans les bars et les restaurants, ou dans les environnements très masculins comme le domaine de la construction, les services de police ou l’armée. Dans ces milieux, les personnes qui se font harceler voient souvent ça comme quelque chose qui fait « juste partie de la job » et pensent parfois que ça veut dire que ce n’est pas du vrai harcèlement sexuel.

Mais c’en est. Peut-être que vous ne pouvez pas y faire grand-chose. Peut-être que c’est complètement « normal ». Peut-être que tout le monde a l’air de s’en foutre. Mais c’est quand même du harcèlement sexuel au travail. Ça ne devrait pas arriver, et c’est interdit par les lois canadiennes.

Vous vous demandez peut-être s’il s’agit de harcèlement sexuel si c’est quelqu’un d’autre que votre boss qui vous harcèle

C’en est. En fait, la plupart des harceleurs sexuels au travail ne sont pas des boss. La plupart sont des clients ou des collègues.

C’est du harcèlement sexuel au travail, et c’est interdit par les lois canadiennes.

Vous vous demandez peut-être s’il s’agit de harcèlement sexuel au travail si ça n’arrive pas au travail

Si une personne liée à votre travail vous harcèle, c’est du harcèlement sexuel au travail, même si ça arrive:

  • lorsque vous êtes à la maison
  • dans la rue, un autobus, un garage de stationnement ou un autre lieu public
  • à un party de travail, à une formation, à une conférence, ou durant un autre événement lié au travail
  • pendant que vous êtes en déplacement (dans une voiture, un autobus, un avion ou un hôtel) avec des collègues vers un lieu de travail ou un événement lié à votre travail, ou pendant que vous en revenez

Le harcèlement sexuel au travail n’arrive pas seulement au travail. Si quelqu’un de votre travail vous harcèle sexuellement, ça peut quand même être considéré comme du harcèlement même si ça arrive ailleurs que dans votre milieu de travail, et c’est interdit par les lois canadiennes.

Vous vous demandez peut-être si vous êtes harcelé pour des raisons liées au sexe ou basées sur le genre, ou à cause de votre race, de votre religion, ou pour d’autres raisons

Il arrive très souvent que les gens ne soient pas sûrs de savoir pourquoi exactement ils se font harceler, ou de soupçonner qu’il y a plusieurs raisons. Une femme musulmane pourrait ne pas savoir si elle se fait harceler parce qu’elle est musulmane ou parce qu’elle est une femme. Un homme gai anishinaabe pourrait ne pas savoir s’il est harcelé à cause de son orientation sexuelle ou parce qu’il est autochtone.

En réalité, ça n’a pas vraiment d’importance. Il est interdit de harceler les gens en raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre et de leur expression de genre, et aussi en raison de leur race, de leur ethnicité, de leurs handicaps et de leur religion. Toutes ces caractéristiques sont protégées par la loi, ce qui signifie que les gens n’ont pas le droit de vous harceler pour ces raisons.

Vous n’êtes pas responsable de déterminer pourquoi, exactement, quelqu’un vous harcèle.

Si vous êtes harcelé en raison de votre sexe, de votre orientation sexuelle, de votre identité de genre ou de votre expression de genre, même si vous êtes aussi harcelé pour d’autres raisons, c’est du harcèlement sexuel au travail. Ça ne devrait pas se produire, et c’est interdit par les lois canadiennes.


Attention

Il s’agit juste ici de renseignements généraux, pas de conseils juridiques. Si vous avez besoin de conseils juridiques pour votre situation en particulier, nous vous encourageons à trouver un avocat qui pourra vous aider.

Il y a des douzaines de lois au Canada qui ont été créées pour protéger les gens contre le harcèlement sexuel. Chaque loi est différente. Après avoir lu cet article, vous ne pourrez pas savoir avec certitude si la loi au Canada déterminerait que vous avez été harcelé sexuellement. Nous sommes désolés! Nous souhaiterions pouvoir vous le dire, mais ne pouvons pas.

Voici toutefois ce que nous pouvons vous dire:

Si vous êtes harcelé sexuellement au travail, il y a deux types de lois au Canada qui s’appliquent à vous:

  1. les lois liées à l’emploi et au travail, conçues pour protéger les travailleurs
  2. les lois liées aux droits de la personne, conçues pour protéger tout le monde

Ces lois sont toutes différentes. Mais elles visent toutes à protéger contre le harcèlement basé sur le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression de genre.

Et lorsqu’ils interprètent les lois, les juges posent généralement les mêmes types de questions.

Est-ce que le harcèlement s’est produit sur la base de votre sexe, de votre orientation sexuelle, de votre identité de genre ou de votre expression de genre?

Les lois canadiennes liées au harcèlement sexuel interdisent le harcèlement basé sur le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre.

Exemple de harcèlement sexuel basé sur le sexe:

Dans un bar, un groupe d’hommes harcèle sexuellement la serveuse en passant des commentaires sur son apparence et en lui faisant des avances à répétition.

Exemple de harcèlement sexuel basé sur l’orientation sexuelle:

Un homme harcèle sexuellement un autre homme en se moquant de lui parce qu’il est gai.

Exemple de harcèlement sexuel basé sur l’identité de genre:

Un groupe d’hommes harcèle sexuellement une femme trans en lui posant des questions sur son genre et en utilisant des insultes transphobes.

Exemple de harcèlement sexuel basé sur l’expression de genre:

Un superviseur harcèle sexuellement une employée en lui disant de porter des jupes et des talons hauts.

Si le harcèlement était basé sur votre sexe, votre orientation sexuelle, votre identité de genre ou votre expression de genre, ça signifie qu’il est considéré comme « sexuel ».

Est-ce que le comportement vous a dérangé?

Voici un test simple:

  • Est-ce que le comportement vous a rendu malheureux?
  • L’avez-vous trouvé désagréable et avez-vous souhaité qu’il cesse?
  • Vous êtes-vous senti offensé ou rabaissé?
  • Avez-vous trouvé que le comportement était choquant ou vulgaire?
  • Vous êtes-vous senti comme si on vous maltraitait?

Si vous avez répondu oui à l’une de ces questions, un juge y verrait probablement un signe que vous avez été harcelé.

Est-ce qu’une « personne raisonnable » trouverait ce comportement inacceptable?

Même si vous avez répondu oui aux questions ci-dessus, le juge veut savoir si une personne soi-disant raisonnable ou ordinaire se sentirait aussi de cette façon.

Par exemple, une personne typiquement raisonnable pourrait penser que c’est correct qu’un collègue invite quelqu’un à sortir, mais que ce n’est pas correct qu’un collègue envoie à quelqu’un des images pornographiques par texto. Un juge pourrait alors décider que « l’envoi d’images pornographiques par texto » constitue du harcèlement, mais qu’inviter quelqu’un à sortir une fois n’en est pas. Même si vous vous êtes senti harcelé dans les deux cas, la norme de la « personne raisonnable » indiquerait au juge qu’il y a une différence.

Parfois, la question est: qu’est-ce qu’une « personne raisonnable », une « femme raisonnable »,  un « homme gai raisonnable » ou un autre type de personne pourrait penser? Le but est toujours le même: on cherche à savoir si une personne raisonnable confrontée à un comportement en particulier jugerait qu’il s’agit de harcèlement.

Est-ce que le mauvais comportement s’est produit une seule fois ou plusieurs fois?

Est-ce que le mauvais comportement s’est produit une seule fois ou plusieurs fois?

Normalement, pour qu’un comportement soit considéré comme du harcèlement sexuel, il doit s’être produit plus d’une fois. Mais si le comportement était vraiment grave, par exemple si votre boss vous a littéralement dit qu’il vous mettrait à la porte si vous ne couchiez pas avec lui, une fois pourrait suffire pour que ça compte aux yeux de la loi.


C’est de cette façon que les lois fonctionnent, en général.

Pour savoir quelles lois s’appliquent à votre situation, vous devez savoir si vous travaillez dans une industrie réglementée par un gouvernement provincial ou par le gouvernement fédéral.

Lisez Suis-je un travailleur sous réglementation fédérale? (Et pourquoi c’est important)


Attention

Il s’agit juste ici de renseignements généraux, pas de conseils juridiques. Si vous avez besoin de conseils juridiques pour votre situation en particulier, nous vous encourageons à trouver un avocat qui pourra vous aider.

Nous allons vous révéler un secret important. Un secret que les PDG, les gens des RH et les avocats connaissent déjà, mais que vous ne connaissez probablement pas.

Si vous avez été maltraité dans votre milieu de travail au point où vous sentez le besoin de quitter votre emploi, vous pourriez être en mesure d’obtenir de votre employeur qu’il vous donne de l’argent en lui envoyant ce qu’on appelle une mise en demeure.

Une mise en demeure ne garantit pas que vous obtiendrez de l’argent. Certains employeurs ignoreront la mise en demeure ou vous diront simplement non. Mais ça fonctionne assez souvent pour que ça vaille la peine d’essayer.

Comment fonctionnent les mises en demeure

Une mise en demeure est juste une lettre ou un courriel ordinaire que vous ou votre avocat envoyez à votre employeur. Elle décrit le mauvais traitement que vous avez subi au travail et demande à votre employeur de vous donner de l’argent en échange de votre accord pour ne pas le poursuivre.

La mise en demeure part du principe que vous avez tellement été harcelé qu’il vous est impossible de faire votre travail, ce qui signifie que vous devez démissionner, et que tout ça est la faute de votre employeur parce qu’il n’a pas mis fin au harcèlement.

Vous envoyez une mise en demeure lorsque vous prévoyez démissionner — ou, dans certains cas, après avoir été congédié. Si vous restez au travail, vous pourriez envoyer une mise en demeure si, par exemple, un collègue vous a harcelé, ce qui a causé une blessure psychologique. Vous pourriez envoyer une mise en demeure demandant à votre employeur de vous rembourser l’argent que vous avez dépensé en thérapie.

Voici ce qui se passe habituellement:

  1. Vous êtes maltraité au travail, et votre employeur ne règle pas le problème. Vous vous plaignez peut-être, et il vous punit.
  2. Vous décidez que vous devez démissionner. Ou vous êtes congédié.
  3. Vous envoyez une mise en demeure à votre employeur.
  4. Votre employeur pourrait ignorer la mise en demeure, mais habituellement, l’employeur répond. Il peut accepter de vous donner tout ce que vous avez demandé, ou une partie de ce que vous avez demandé, ou rejeter carrément votre demande.
  5. Vous acceptez ce qu’il a offert, ou vous poussez plus loin pour en obtenir plus. Vous pourriez discuter pendant un certain temps afin de négocier.
  6. Éventuellement, une des deux choses suivantes se produit. Ou bien vous acceptez une offre et vous signez une lettre de renonciation, acceptant de ne pas traîner votre employeur devant les tribunaux. On appelle ça un règlement. Ou vous rejetez l’offre (ou il n’y a pas d’offre) et vous devez décider si vous intentez une poursuite.

Pourquoi les mises en demeure sont géniales

Aller devant les tribunaux est long et coûteux. Beaucoup de gens ne parlent même pas à un avocat parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas se permettre de payer pour un litige qui pourrait durer des années.

C’est là qu’intervient la mise en demeure. Une mise en demeure est essentiellement une menace. Vous êtes en train de dire (ou de sous-entendre) que si vos demandes ne sont pas satisfaites, vous allez traîner votre employeur devant les tribunaux.

Mais l’important, c’est que vous n’avez pas à vous rendre devant un tribunal. Si vous envoyez une mise en demeure qui est ignorée ou rejetée, vous pouvez vous arrêter là et c’est tout.

Ça signifie qu’une mise en demeure est un moyen bon marché et facile de voir si vous pouvez obtenir de votre employeur qu’il vous donne de l’argent. Si ça fonctionne, c’est génial. Si ça ne fonctionne pas, ce n’est pas grave.

Le principal coût d’une mise en demeure est l’avocat qui la rédige pour vous. Vous pouvez rédiger une mise en demeure vous-même, mais si vous en avez les moyens, il est préférable de demander à un avocat de le faire pour vous. Un avocat sait comment formuler les choses pour que vous ayez plus de chances que votre employeur paie.

Habituellement, un avocat demande un prix fixe pour rédiger la mise en demeure; entre 200 $ et 500 $ est un tarif courant, mais un avocat peut demander un prix plus élevé si votre affaire est compliquée.

Nous n’avons pas pu trouver de statistiques canadiennes sur l’efficacité des mises en demeure. Mais un sondage américain a révélé que près de 60 % des gens qui ont envoyé une mise en demeure ont reçu un règlement, contre seulement 36 % des gens qui n’en ont pas reçu.

Pourquoi votre employeur pourrait accepter de vous donner de l’argent

En théorie, votre employeur ne vous donnerait de l’argent que s’il pensait que vous aviez un dossier solide sur le plan juridique. Mais en pratique, il y a beaucoup d’autres raisons pour lesquelles les employeurs pourraient le faire:

  • Ils veulent éviter une longue et coûteuse bataille judiciaire.
  • Ils préfèrent payer moins d’argent maintenant, plutôt que de payer un montant plus élevé plus tard (si vous gagnez le procès).
  • Ils ne veulent pas être humiliés en public par ce qui pourrait se dire lors du procès.
  • Ils ne veulent pas que leurs autres employés leur en veuillent pour la façon dont ils vous ont traité.
  • Ils ne veulent pas que les nouveaux employés potentiels entendent dire qu’ils sont un mauvais employeur.
  • Ils ne veulent pas que vous leur en vouliez.
  • Ils se sentent mal par rapport à ce qui vous est arrivé et veulent arranger les choses.

Voici quelques éléments qui pourraient vouloir dire que vous avez de bonnes chances d’obtenir un règlement:

  • Votre employeur pense que vous faites bien votre travail.
  • Vous avez travaillé à cet endroit pendant plus de deux ans.
  • Les autres employés ou les clients vous aiment et vous respectent.
  • Il y a quelqu’un au sein de la direction qui vous connaît personnellement et qui vous aime.
  • Vous pensez que votre employeur se sent mal que vous ayez été maltraité.
  • Si ce qui vous est arrivé devenait public, les gens pourraient être en colère contre votre employeur.
  • Vous êtes une femme, une personne racialisée, une personne 2SLGBTQIA+ ou une personne handicapée.

À quoi ressemble une mise en demeure

Voici à quoi ressemble une mise en demeure. Elle a habituellement un maximum de quatre pages.

Formule d’appel

C’est important d’adresser la mise en demeure à la bonne personne. D’habitude, plus les destinataires sont haut placés, mieux c’est — comme le chef des RH, le PDG ou peut-être l’avocat général.

Énoncé indiquant que vous quittez votre emploi, pourquoi et quand

Parlez un peu de vous, par exemple, quel est votre emploi au sein de l’entreprise, quand vous avez commencé à travailler là et depuis combien de temps vous y travaillez. Si vous avez reçu de bons commentaires sur votre travail, vous devriez aussi le dire.

C’est important d’indiquer très clairement que vous quittez votre emploi. Vous devriez indiquer la date de votre dernière journée de travail. Habituellement, c’est immédiatement (« ma démission entre en vigueur immédiatement »), bien que parfois, c’est une ou deux semaines plus tard.

Votre avocat peut vous aider à expliquer exactement pourquoi vous partez. Normalement, c’est parce que votre employeur n’a pas réglé le problème de harcèlement et que votre milieu de travail n’est donc pas sécuritaire. Parfois, c’est aussi parce que votre employeur a exercé des représailles contre vous parce que vous vous êtes plaint d’avoir été harcelé. Consultez Être puni pour s’être plaint et comment se protéger.

Énoncé factuel sur ce qui s’est passé et comment ça vous a blessé

Ici, la mise en demeure décrira le harcèlement que vous avez vécu et les efforts que vous avez faits pour le signaler à votre employeur. Parfois, cette partie ne contient que quelques phrases, et parfois, plusieurs pages.

Vous décrirez également comment le harcèlement vous a fait du tort, vous a coûté de l’argent ou vous a causé de la douleur et de la souffrance. Vous devriez parler de tout symptôme que vous avez eu sur le plan physique et mental, de tout diagnostic médical que vous avez reçu (par exemple, anxiété ou dépression), de tout médicament qui vous a été prescrit et de tout autre tort que vous avez subi. Si vous avez l’impression d’avoir été puni pour vous être plaint, vous devriez en parler aussi.

Description de ce que vous voulez

Dans cette partie de la mise en demeure, vous allez décrire exactement ce que vous voulez obtenir. Cela inclut presque toujours de l’argent. En général, vous devriez demander plus d’argent que ce à quoi vous vous attendez. Certains disent que vous devriez calculer le montant minimum que vous voulez et demander le double.

Vous pouvez aussi demander d’autres choses que de l’argent, comme une lettre de recommandation positive. Parfois, certaines personnes demandent qu’on décrive leur départ comme une démission plutôt qu’un congédiement. Parfois, ils veulent rédiger l’annonce qui explique leur départ. Vous pourriez demander à conserver des biens de l’entreprise, comme un ordinateur portable ou un téléphone cellulaire. Habituellement, c’est plutôt facile d’obtenir de votre employeur qu’il accepte vos demandes qui ne sont pas financières.

Information pratique sur les biens de l’entreprise

Parce que vous démissionnez, vous devez dire à votre employeur quels biens de l’entreprise vous avez en votre possession, comment et quand vous prévoyez les retourner. C’est normal que votre employeur s’attende à ce que vous retourniez les biens de l’entreprise, habituellement dans la semaine suivant votre dernier jour de travail. Certains employeurs insisteront pour que vous retourniez leurs biens, et dans ce cas, vous devez absolument le faire.

Date à laquelle vous souhaitez recevoir une réponse

Il est important d’inclure une date limite de réponse pour que, si votre employeur prévoit ignorer votre mise en demeure, vous le sachiez. Habituellement, la date limite est environ une semaine plus tard, mais parfois c’est aussi quelques jours, ou deux à trois semaines.

Plus d’info sur les mises en demeure

Quel est le bon ton à avoir?

La mise en demeure devrait être basée sur les faits et polie. Elle ne devrait pas donner l’impression que vous êtes en colère. Elle devrait être rédigée de façon plus officielle si elle est signée par votre avocat, et elle peut être moins officielle si elle est signée par vous. Si votre relation avec votre employeur est négative, la mise en demeure devrait quand même être courtoise. Si votre relation a été plutôt positive, la mise en demeure peut être amicale.

N’oubliez pas qu’envoyer une mise en demeure n’est pas en fait un acte hostile. Ce que vous dites dans la mise en demeure, c’est que même s’il y a matière à poursuite, vous êtes prêt à régler l’affaire de façon amicale, plutôt que d’aller devant les tribunaux.

Habituellement, il est préférable de garder toutes les portes ouvertes plutôt que de s’engager à suivre un plan d’action précis. Mais parfois (surtout si votre employeur est hostile), vous pourriez gagner du temps en disant exactement ce que vous ferez si vos demandes ne sont pas satisfaites. Votre avocat peut vous aider à gérer tout ça.

Qu’est-ce que ma mise en demeure devrait demander?

Habituellement, la mise en demeure devrait indiquer un montant précis. Ça permet de gagner du temps, car votre employeur n’a pas à deviner ce que vous voulez.

C’est également normal de demander des choses comme une lettre de recommandation positive. C’est normal de demander à conserver des biens de l’entreprise. (Bien que les employeurs disent parfois non.) Vous pourriez aussi demander des excuses de la part de votre employeur ou du harceleur. Vous pourriez demander que le harceleur soit forcé de suivre une formation sur le harcèlement sexuel.

Si j’envoie une mise en demeure et que je ne reçois pas d’argent, est-ce que ça signifie que je dois aller devant les tribunaux?

Non. Rien dans une mise en demeure ne vous engage à intenter une poursuite. Mais votre mise en demeure est plus susceptible d’être acceptée si votre employeur croit que vous pourriez aller devant les tribunaux.

Comment dois-je envoyer une mise en demeure?

Vous pouvez l’envoyer par courrier recommandé si vous voulez être en mesure de prouver qu’elle a été reçue, mais ce n’est pas nécessaire. Vous pouvez aussi remettre une copie en main propre.

Il est de plus en plus courant d’envoyer une mise en demeure par courriel. Si vous le faites, vous devez l’envoyer à partir de votre compte personnel, et non de votre compte de travail, et demander à votre employeur de confirmer qu’il l’a reçue. S’il ne le confirme pas, vous voudrez alors envoyer la mise en demeure d’une autre façon.

Si j’envoie une mise en demeure et qu’elle est ignorée ou rejetée, que devrais-je faire?

Vous pourriez décider de rédiger une autre mise en demeure qui répète ce que vous voulez et ce que vous ferez si vous ne l’obtenez pas. Vous pourriez décider de porter plainte devant les tribunaux. Ou vous pourriez décider de ne rien faire. C’est entièrement à vous de décider.

Si j’envoie une mise en demeure, quelle est la pire chose qui pourrait arriver?

Votre employeur pourrait parler négativement de vous à d’autres personnes. Il pourrait refuser de vous donner de bonnes références. Dans le pire des cas, il sera en colère contre vous, le pont entre vous et lui sera brûlé, et vous n’aurez plus jamais une bonne relation avec lui.


Voici quelques exemples de mises en demeure.


Les femmes et les autres personnes qui portent plainte pour agression sexuelle n’arrivaient pas à obtenir des audiences équitables en passant par les institutions, y compris les entreprises, donc elles ont utilisé un nouvel outil, l’Internet. Cela s’est avéré très efficace et a été perçu comme un signal d’alarme important.

Michael Hobbes, journaliste et animateur de balado, You’re Wrong About: “Cancel Culture,” 7 juin 2021.

Auparavant, les personnes qui subissaient du harcèlement sexuel n’en parlaient pratiquement à personne. C’est alors que #MoiAussi (#MeToo) est arrivé.

Le mouvement #MoiAussi a commencé à la fin de 2017, lorsque l’actrice américaine Alyssa Milano a publié un gazouillis demandant aux gens de partager leurs histoires d’agression et de harcèlement sexuels. Des millions de personnes ont participé en utilisant le mot-clic #MoiAussi.

Voir toutes ces histoires a aidé les gens à réaliser que l’agression et le harcèlement sont très communs, ce qui les a aidés à ressentir moins de honte et de culpabilité par rapport à leurs propres expériences. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, les gens sont beaucoup plus susceptibles de partager leurs histoires publiquement. Ils le font eux-mêmes, habituellement sur les réseaux sociaux, ou parfois à travers les médias en parlant avec un journaliste.

Voici quelques histoires vraies de personnes qui ont dévoilé publiquement le harcèlement qu’elles ont subi.

  • À Edmonton en 2017, un homme copropriétaire d’un bar a tripoté à répétition un membre du personnel. Elle a signalé l’incident à la direction, mais rien n’a été fait, et l’homme a continué à mal se comporter. Huit mois plus tard, elle a quitté son emploi et publié un message public sur Facebook dans lequel elle a expliqué pourquoi elle avait démissionné. Grâce à sa publication, certains de ses collègues ont aussi démissionné, des groupes de musique qui étaient censés jouer au bar ont annulé leurs spectacles, les médias ont couvert l’histoire, et le bar a finalement fermé ses portes de façon permanente. 
  • À Toronto en 2018, une femme a été renvoyée de son emploi dans une entreprise en démarrage du domaine de la technologie après avoir porté plainte aux RH parce qu’elle était harcelée sexuellement par l’un des cadres de la compagnie. En 2019, elle a publié un gazouillis anonyme décrivant ce qui lui était arrivé, l’entreprise a mené une enquête, et le cadre a quitté la compagnie. Elle a rédigé un texte anonyme décrivant ce qui lui était arrivé qu’elle a publié sur Medium, ce qui a éventuellement mené à une couverture médiatique, et deux mois plus tard l’entreprise a fermé ses portes. En 2020, la femme a raconté toute son histoire à un journaliste de Global News, qui a écrit un long article sur le sujet en utilisant son véritable nom, avec sa permission.
  • À Montréal en 2020, une femme a partagé sur Instagram le récit de l’agression sexuelle qu’elle avait subie, ce qui a encouragé des douzaines de femmes à partager des histoires semblables. Certaines d’entre elles ont publié leurs histoires à partir de leurs propres comptes, alors que d’autres l’ont fait de façon anonyme. Certaines des personnes nommées ont perdu leur emploi, d’autres ont présenté des excuses publiques, et d’autres ont menacé d’intenter des poursuites pour diffamation. Le ministre de la Justice du Québec a alors réuni un groupe d’experts afin de trouver des moyens de permettre aux personnes ayant subi des agressions sexuelles de s’orienter plus facilement au sein du système de justice québécois.

Les gens dévoilent leurs histoires publiquement pour toutes sortes de raisons. Voici certaines des raisons les plus communes:

  • Elles veulent avertir les autres afin que les gens sachent qu’il faut éviter le harceleur et/ou l’employeur du harceleur.
  • Elles veulent embarrasser publiquement le harceleur, ou s’assurer que le harceleur comprenne que ce qu’il a fait était blessant et inacceptable.
  • Elles veulent que leur employeur ait honte publiquement pour ne pas avoir mis fin au harcèlement.
  • Elles veulent sensibiliser les gens au fait que le harcèlement est vraiment commun.
  • Elles veulent bâtir une communauté avec d’autres personnes qui ont vécu des expériences semblables.
  • Elles veulent du soutien, une catharsis ou la guérison.

Ce sont toutes de bonnes raisons pour dévoiler l’affaire publiquement et, en fait, il n’y a pas de mauvaise raison. Si vous voulez dévoiler publiquement le harcèlement, vos raisons sont légitimes, quelles qu’elles soient.

Cela dit, le dévoilement public peut entraîner des conséquences négatives. Voici certaines des conséquences négatives les plus communes, et comment vous pouvez vous protéger contre elles.

En dévoilant publiquement le harcèlement, vous risquez d’être poursuivi pour diffamation

Si vous dites de mauvaises choses sur le harceleur ou votre employeur, ils pourraient vous poursuivre pour diffamation. « Diffamation » est un terme juridique. Il sert à décrire les situations où quelqu’un dit publiquement des choses sur une autre personne qui ne sont pas vraies ou qui causent du tort à la réputation de la personne. Il peut s’agir d’un message publié, ce que l’on appelle souvent un « libelle », ou de paroles prononcées, ce que l’on appelle des « propos diffamatoires » dans certains endroits au pays.

La diffamation relève du droit civil et non du droit criminel, ce qui signifie que la police n’est pas impliquée.

N’importe qui peut déposer une plainte pour diffamation. Il n’est pas nécessaire d’avoir un dossier solide; il faut seulement avoir assez d’argent pour se payer un avocat.

À bien des égards, les poursuites pour diffamation sont le parfait outil pour les hommes accusés de violence sexuelle. Le fait d’intenter une poursuite permet aux hommes accusés de violence sexuelle de recadrer le récit en ce qui a trait à la responsabilité et au blâme, et de se présenter comme des victimes de fausses allégations. Il revient alors au défendeur de prouver que ses déclarations de violence sexuelle sont vraies.

Mandi Gray, chercheuse postdoctorale, Université de Calgary.
« Cease and Desist/Cease or Resist? Civil Suits and Sexual Violence. »

Voici quelques exemples de situations où des personnes ont été poursuivies pour diffamation après avoir dévoilé publiquement le harcèlement qu’elles avaient vécu.

  • En 2018, une femme de Calgary a écrit un billet de blogue anonyme où elle déclarait avoir été agressée sexuellement par un journaliste lorsqu’elle travaillait pour un réseau de télévision. En enquêtant sur ces allégations, le réseau a divulgué le nom de la femme. Le journaliste accusé a intenté une poursuite d’une valeur de 7,5 millions de dollars contre elle et le réseau.
  • Il y a environ cinq ans, « Laura » a été harcelée et agressée sexuellement par son boss pendant un voyage d’affaires. Elle a été renvoyée une heure après avoir signalé ce comportement. La lettre ouverte qu’elle a publiée sur les réseaux sociaux au sujet de l’agression a entraîné le dépôt d’une poursuite pour diffamation de la part de l’organisation pour laquelle elle travaillait. La poursuite a été abandonnée, mais Laura a perdu son domicile après s’être retrouvée sans emploi.
  • En 2020, les personnes qui avaient été accusées de harcèlement et d’agression sexuels sur le compte Instagram d’une femme de Regina ont menacé de la poursuivre pour diffamation. La femme a fermé son compte en réponse à ces menaces. Elle n’a jamais été poursuivie, mais un homme a intenté une poursuite contre Facebook, qui possède Instagram, dans le but d’obtenir 1 million de dollars en dommages-intérêts.

Il est impossible de connaître vos risques d’être poursuivi pour diffamation. Vos risques d’être poursuivi sont plus élevés si vous nommez le harceleur (ou si l’identité du harceleur est évidente même sans le nommer), si votre histoire retient beaucoup l’attention, si le harceleur est bien connu, s’il a beaucoup d’argent pour embaucher des avocats, ou s’il a déjà intenté des poursuites par le passé.

On peut vous poursuivre même si ce que vous dites est vrai, et même si vous pouvez le prouver. Parfois, les harceleurs lancent des poursuites pour diffamation en sachant qu’ils n’ont aucune chance de gagner dans le but de vous pousser à changer votre histoire ou à la retirer.

Si vous vous faites poursuivre pour diffamation, vous aurez besoin d’embaucher un avocat, et le processus sera cher et long—il n’est pas rare qu’un cas prenne deux ans ou plus à être résolu. L’affaire peut se retrouver dans les « limbes judiciaires  », et ne peut être retirée avant que cinq ans se soient écoulés. Donc, si vous songez à dévoiler publiquement le harcèlement que vous avez subi, et surtout si vous prévoyez nommer le harceleur, c’est une bonne idée d’en parler d’abord avec un avocat. Consultez Comment trouver un avocat et faire affaire avec lui.

Si vous dévoilez publiquement le harcèlement, des étrangers pourraient vous attaquer ou vous agresser

Voici une journaliste japonaise qui décrit ce qui lui est arrivé en 2017 après avoir dit durant une conférence de presse qu’elle avait été violée deux ans plus tôt par un collègue:

« Le contrecoup m’a durement frappée. J’ai été dénigrée sur les réseaux sociaux et j’ai reçu des messages, des courriels et des appels haineux de la part de numéros inconnus. J’ai été traitée de “salope” et de “pute”, et on m’a dit que je “devrais mourir”. Il y a eu des débats sur ma nationalité, parce qu’une véritable Japonaise n’aurait pas parlé de ces choses “honteuses”. De fausses histoires ont commencé à apparaître en ligne au sujet de ma vie privée avec des photos de ma famille. J’ai reçu des messages de la part d’autres femmes qui me critiquaient pour avoir échoué à me protéger moi-même. »

Ce qui lui est arrivé est très commun. Ce ne sont pas toutes les personnes qui dévoilent publiquement le harcèlement qu’elles ont subi qui sont attaquées ou agressées, mais c’est souvent le cas. D’habitude, ça veut dire des personnes qui vous crient dessus ou qui vous traitent de noms en ligne, mais parfois c’est pire que ça: les gens vous envoient des menaces de viol ou de mort, publient vos renseignements personnels ou encouragent les autres à vous harceler ou à harceler vos amis et votre famille, ou essaient de communiquer avec votre employeur dans le but de vous faire renvoyer.

Si vous voulez dévoiler publiquement le harcèlement que vous avez subi, mais réduire les risques d’être harcelé pour l’avoir fait, voici certaines choses que vous pourriez prendre en considération:

  • Vous pourriez publier votre histoire de façon anonyme au lieu d’utiliser votre véritable nom.
  • Vous pourriez essayer de ne pas dévoiler le nom de votre employeur actuel.
  • Vous pourriez renforcer votre sécurité numérique avant de publier. (Comme retirer vos renseignements personnels d’Internet, et limiter les personnes qui peuvent voir vos publications sur les réseaux sociaux.) Vous trouverez de bonnes ressources sur le sujet ici, ici et ici.
  • Vous pourriez avertir vos amis avant de faire votre publication, et leur demander d’être prêts à vous aider si vous êtes confronté à du harcèlement ou à des agressions.

Si vous dévoilez publiquement le harcèlement que vous avez subi, vous pourriez perdre votre emploi ou avoir de la difficulté à en trouver un nouveau

C’est un vrai risque. Beaucoup de gens ont décrit comment leur carrière avait plongé après avoir dévoilé leur histoire publiquement. Les entreprises ne veulent pas embaucher de gens qui se sont plaints publiquement du harcèlement sexuel qu’ils ont subi parce qu’elles craignent qu’ils le refassent. Et puis, généralement, c’est assez commun que les gens jugent sévèrement les personnes qui se plaignent du harcèlement.

Si vous vous inquiétez pour votre réputation professionnelle, votre inquiétude est probablement justifiée. Si, malgré tout, vous souhaitez dévoiler publiquement ce qui vous est arrivé, voici quelques choses que vous pourriez faire pour essayer de vous protéger:

  • Ne nommez pas votre employeur.
  • Ne liez pas votre vrai nom à votre histoire.
  • Lorsque vous racontez votre histoire, essayez de la garder factuelle et sobre.
  • Dites clairement qu’en dehors du harcèlement, vous aimez votre travail et votre employeur.
  • Dites clairement que vous regrettez d’avoir à dévoiler la situation publiquement et que vous auriez préféré ne pas avoir à le faire.
  • Dites clairement que vous essayez d’aider votre entreprise à mieux gérer le harcèlement, au lieu d’être motivé par la colère et le désir de vengeance.

Si vous dévoilez publiquement le harcèlement que vous avez subi, vous risquez de gâcher les procédures juridiques que vous avez lancées ou le règlement que vous avez obtenu

Si vous êtes impliqué dans un processus de plainte officiel ou une poursuite judiciaire, vous risquez de gâcher vos chances en dévoilant votre histoire publiquement. Voici comment ça pourrait arriver:

  • Ça pourrait permettre au harceleur ou à votre employeur d’anticiper ce qui s’en vient, leur donnant le temps de changer leur version des faits ou de détruire des éléments de preuve.
  • Ce que vous dites pourrait être utilisé contre vous en cour, l’autre partie prétendant que vous avez menti ou que vous avez essayé d’influencer d’autres témoins, ou utilisant ce que vous dites pour essayer de s’en prendre à votre personnalité ou à vos motivations.
  • Si les gens vous attaquent en ligne, les personnes qui étaient prêtes à vous soutenir (en témoignant, par exemple) pourraient changer d’idée.
  • Si vous avez signé une entente de non-divulgation, dévoiler votre histoire publiquement pourrait aller à l’encontre de cette entente. Vous pourriez alors avoir à rembourser l’argent que vous avez reçu dans le cadre de votre règlement, et votre employeur pourrait décider de vous poursuivre pour rupture de contrat.

Si vous participez à un processus judiciaire officiel, c’est une bonne idée d’obtenir les conseils de votre avocat avant de dévoiler votre histoire publiquement.


À cette étape, vous avez probablement une bonne idée à savoir si dévoiler votre histoire publiquement est bon pour vous.

Si vous décidez de le faire, votre première grande question sera de déterminer si vous préférez essayer qu’un journaliste raconte votre histoire, ou si vous préférez le faire vous-même.

La principale raison pour en parler à un journaliste est que cela rend votre histoire plus crédible, parce que la plupart des gens présument que ce qu’un journaliste écrit est vrai.

Mais il y a des désavantages à faire ça. Vous perdez le contrôle sur ce qui est dit, où cela est dit, et quand cela est dit. Un journaliste pourrait vous pousser à fournir des détails embarrassants que vous ne voulez pas nécessairement partager publiquement. C’est possible qu’un journaliste conclue une entente avec vous (comme accepter de garder votre nom confidentiel ou ne pas mentionner certaines parties de votre histoire), et finisse par ne pas la respecter. Si vous ne voulez pas être cité pendant que vous êtes interviewé, vous devez indiquer au journaliste que ce que vous dites est confidentiel avant de commencer à parler, pas après.

Mais pour la plupart des gens, parler avec un journaliste n’est pas une option de toute façon. Un journaliste pourrait être intéressé par votre histoire si ce qui s’est passé était particulièrement scandaleux, ou si le harceleur (ou votre employeur) est bien connu. Mais autrement, il est habituellement assez difficile d’intéresser un journaliste parce que le harcèlement sexuel se produit tous les jours, et que ce n’est pas vraiment une « nouvelle ».

Cela signifie que, si vous dévoilez publiquement votre histoire, ce sera probablement par vous-même, sur les réseaux sociaux. 

Nous vous laissons avec quelques dernières choses à prendre en considération.

Une liste de choses auxquelles vous devriez penser avant de dévoiler publiquement le harcèlement que vous avez subi

  • Avez-vous des gens importants dans votre vie avec qui vous voudriez en parler d’abord?
  • Avez-vous des gens dans votre vie à qui vous ne voulez pas dire ce qui vous est arrivé et qui pourraient l’apprendre une fois que votre histoire sera publique?
  • Êtes-vous à l’aise avec l’idée que votre histoire reste publique pour toujours?
  • Si vous avez un avocat, lui avez-vous parlé de votre plan?
  • Avez-vous fait ce que vous pouviez pour réduire vos risques d’être poursuivi pour diffamation?
  • Si vous êtes poursuivi, avez-vous confiance en votre capacité à vous défendre?
  • Êtes-vous impliqué dans un processus de plainte ou un processus judiciaire qui pourrait être gâché par une sortie publique?
  • Avez-vous signé une entente légale qui pourrait limiter ce que vous pouvez dire publiquement? Consultez Comment décider s’il faut intenter une poursuite (et à quoi vous attendre si vous le faites).
  • Avez-vous fait ce que vous pouviez pour renforcer votre sécurité et votre protection numériques?
  • Avez-vous recruté du soutien pour vous aider à assurer votre bien-être et votre sécurité après avoir dévoilé publiquement le harcèlement que vous avez subi? Consultez Bâtir un réseau de soutien.

Commençons par l’agression sexuelle.

L’agression sexuelle est un crime en vertu du Code criminel du Canada. L’agression sexuelle correspond à tout type de contact sexuel qui se produit sans votre consentement. Cela comprend aussi les situations où une personne vous a menacé pour vous convaincre d’avoir un contact sexuel avec elle.

Il y a trois degrés de gravité pour les agressions sexuelles

  • Niveau 1: Attouchements, baisers, rapports sexuels, pénétration et toute autre activité sexuelle effectuée sans le consentement de l’autre personne.
  • Niveau 2: Lorsque l’accusé a une arme ou menace d’utiliser une arme, lorsque l’accusé menace de causer des lésions corporelles ou cause des lésions corporelles, ou si la personne touchée a été agressée sexuellement par plus d’une personne durant le même incident.
  • Niveau 3: Aussi connu sous le nom d’agression sexuelle grave, ceci se produit lorsque la personne qui a été agressée sexuellement est blessée, mutilée ou que sa vie a été en danger. Il s’agit également d’une agression sexuelle de niveau 3 si l’accusé a une arme à feu et menace de l’utiliser.

C’est donc une agression sexuelle si:

  • Un collègue vous embrasse sans votre permission.
  • Vous vous saoulez à une fête au bureau et vous vous réveillez en constatant qu’une personne avec qui vous travaillez a eu des relations sexuelles avec vous alors que vous étiez trop ivre pour consentir.
  • Un client au restaurant où vous travaillez vous tape les fesses.

Mais ce n’est pas une agression sexuelle si:

  • Quelqu’un vous insulte ou vous traite de noms.
  • Quelqu’un vous observe de manière suggestive, vous siffle ou vous fait des propositions.
  • Quelqu’un vous donne un câlin ou vous touche de façon non sexuelle.
  • Quelqu’un vous crie après ou vous poursuit.

C’est important de savoir que, même si le comportement d’une personne correspond à la définition légale d’agression sexuelle, cela ne veut pas nécessairement dire que la police prendra l’incident au sérieux. La police est plus susceptible de prendre des mesures si elle pense que ce qui vous est arrivé était grave. Mais si elle pense que c’était insignifiant ou sans importance, elle ne le fera peut-être pas.

Devriez-vous alerter la police si vous avez subi une agression sexuelle?

La plupart des gens ne le font pas. Environ 5 % seulement des victimes d’agression sexuelle s’adressent à la police.

Pourquoi? Beaucoup de gens croient que la police ne les prendra pas au sérieux. Certains ont peur d’être jugés. Certains ont honte ou se sentent coupables, comme si ce qui était arrivé était de leur faute. S’ils connaissent l’agresseur, ils ont peut-être peur des représailles. Et certains—surtout les personnes Autochtones, racialisées et les personnes 2SLGBTQIA+—ne font juste pas confiance à la police.

Ce n’est pas injustifié. La police a une très mauvaise réputation par rapport à sa gestion des cas d’agression sexuelle. Pour commencer, elle refuse de croire 10 % des personnes qui signalent des voies de fait et classe leur cas comme « non fondé ». Elle est plus susceptible de vous croire si vous êtes blanc, si vous avez été blessé, si la personne qui vous a agressé était étrangère, si elle a utilisé une arme, si vous vous êtes vigoureusement défendu et si vous étiez sobre.

Une enquête policière en soi peut être traumatisante. Certaines personnes ont affirmé que leur expérience avec la police avait été si mauvaise que c’était comme un « deuxième viol ». Les agents peuvent être grossiers, brusques et porter des jugements, et certains croient toujours à des mythes et à des stéréotypes dépassés sur le viol.

Mythes communs sur le viol:

  • Si ça ne s’est pas terminé par une relation sexuelle, ce n’est pas vraiment un viol.
  • Les femmes « courent après » par la façon dont elles s’habillent ou se comportent.
  • Si quelqu’un est ivre ou sous l’effet de la drogue, c’est sa faute.
  • Les femmes mentent en disant qu’elles ont été violées parce qu’elles regrettent d’avoir eu des relations sexuelles.
  • Si quelqu’un n’a pas crié et ne s’est pas débattu, ce n’était pas vraiment un viol.
  • Les hommes ne se font pas violer.

Même si beaucoup de gens ont de mauvaises expériences avec la police, les gens qui travaillent dans les centres d’aide aux personnes ayant subi une agression sexuelle disent qu’ils ne conseilleraient jamais à quelqu’un de ne pas s’adresser à la police. Ils croient que c’est important que la personne qui a été agressée prenne sa propre décision à ce sujet.

Certaines personnes qui ont été agressées disent que le fait de chercher publiquement à obtenir justice est une façon pour elles de reprendre le contrôle. Certaines disent que, même si elles étaient à peu près certaines que l’agresseur ne serait pas puni, le fait de s’adresser à la police les a tout de même fait sentir mieux.

Calgary Communities Against Sexual Abuse (CCASA) a créé cette liste de questions à vous poser lorsque vous réfléchissez à quelle décision prendre:

  • Qu’est-ce qui me motive à signaler l’incident à la police?
  • À quoi ressemblera le fait de partager des renseignements détaillés sur un événement traumatisant?
  • Comment me sentirai-je si la personne qui m’a blessé n’est pas reconnue coupable?
  • Suis-je prêt à attendre un an ou deux pour que le processus soit terminé?
  • Est-ce que je sais comment obtenir du soutien si et quand j’en ai besoin?
  • Comment me sentirai-je si je ne fais pas de signalement?
  • Quel sera l’impact du signalement sur mes relations avec ma famille et mes amis?

Si vous vous adressez à la police

Si vous avez été agressé et que vous vous adressez à la police, vous pourriez décider de subir un examen médical pour recueillir des preuves sur votre corps et vos vêtements. C’est ce qu’on appelle une trousse de viol, et elle porte différents noms officiels. Il peut s’agir d’une sexual assault evidence kit (SAEK) (trousse médico-légale d’agression sexuelle) ou d’une sexual assault nurse examination (SANE) (examen par une infirmière spécialisée en agression sexuelle). Les résultats et les vêtements que vous portiez pourraient constituer des preuves essentielles pour une future poursuite.

Si vous décidez de vous soumettre à une procédure de trousse de viol, les experts disent que vous devriez essayer de le faire dans les 72 heures suivant l’agression et que vous ne devriez pas prendre votre douche avant.

La procédure se fait à l’hôpital et les gens là-bas ne rapporteront pas ce qui est arrivé à la police. Vous pouvez réunir les preuves et décider plus tard ce que vous voulez faire. À certains endroits, vous pouvez communiquer avec un centre local d’aide aux personnes ayant subi une agression sexuelle, et il enverra quelqu’un pour vous accompagner pendant le processus. Vous pouvez appeler le 211 pour voir s’il y a un centre près de chez vous.

Le CCASA a produit un document intitulé Navigating the Criminal Legal System qui comprend un guide clair et simple sur ce à quoi il faut s’attendre si l’on s’adresse à la police. Les détails peuvent varier selon l’endroit où vous vivez, mais dans l’ensemble, vous pouvez vous attendre à ce que le processus soit assez semblable à ce que le CCASA décrit.

Attention

Si vous vous adressez à la police, vous n’avez aucun contrôle sur ce qui se passera par la suite. Vous ne pourrez pas décider s’il y a enquête ou poursuite. Ces décisions sont prises par la police et les procureurs. Si l’affaire est portée devant les tribunaux, vous serez juste un témoin.

Si la police décide qu’il y a suffisamment de preuves pour porter des accusations contre la personne qui vous a agressé, ça pourrait éventuellement mener à un procès, mais ça pourrait prendre des mois, voire des années, avant que votre cas ne soit entendu.

Se retrouver devant un tribunal est un processus difficile, et l’avocat de l’accusé fera ce qu’il peut pour vous faire paraître comme quelqu’un qui n’est pas fiable et digne de confiance. Ça pourrait être un nouveau traumatisme. C’est aussi important de savoir que les décisions des tribunaux sont tout à fait décourageantes: seulement une sur dix se conclut par une condamnation.

Quels autres types de harcèlement sexuel pourraient enfreindre les lois pénales?

Il y a d’autres choses que les harceleurs font qui sont illégales en vertu du droit criminel canadien et que vous pourriez décider de signaler à la police. Ou vous pourriez vouloir en parler avec votre service des RH, votre boss ou votre représentant syndical, si vous en avez un. Même si ce qui se passe n’est pas assez grave pour que vous vouliez vous adresser à la police, votre employeur pourrait être prêt à prendre des mesures pour vous protéger. C’est possible de s’adresser à la police et de signaler le problème à votre travail. Faire l’un ne veut pas dire que vous ne pouvez pas aussi faire l’autre.

Si vous envisagez de signaler l’un ou l’autre de ces comportements, vous devriez recueillir et conserver autant de preuves que possible. Ne supprimez pas de textos ou de courriels. Gardez les enregistrements, si vous en avez. Prenez des captures d’écran. Prenez des photos.

Partage d’images sexuelles

C’est un crime au Canada de partager des images sexuelles d’une personne sans son consentement. Dans le Code criminel, on parle de « distribution non consensuelle d’images intimes ».

Si quelqu’un au travail partage des images ou des vidéos sexuelles de vous avec d’autres personnes, il enfreint la loi. Peu importe comment il a obtenu les images ou comment il les partage.

Communications indécentes

C’est un crime si quelqu’un vous envoie des images sexuelles de lui-même ou d’autres personnes, y compris de la pornographie commerciale. Le Code criminel interdit ce qu’il appelle les « communications indécentes », ce qui comprend l’envoi de communications sexuelles « dans l’intention d’alarmer ou de contrarier ». Si quelqu’un à votre travail fait ça, vous pourriez le signaler à la police ou aux RH, à votre boss ou à votre représentant syndical, si vous en avez un.

Diffamation

Si quelqu’un ment à votre sujet d’une manière qui nuit à votre réputation, vous expose à la haine, au mépris ou au ridicule, au Canada, cela peut enfreindre les lois civiles et criminelles.

La diffamation peut être verbale ou prendre d’autres formes, comme des textos, des courriels ou des publications sur les médias sociaux. Si quelqu’un dit à tort à vos collègues que vous êtes un pédophile, un toxicomane ou un parent violent, c’est de la diffamation.

Si quelqu’un dit à tort à votre boss que vous avez menti dans votre demande d’emploi ou que vous volez l’entreprise, c’est de la diffamation. Mais ce n’est pas de la diffamation d’exprimer une opinion.

Donc, si un collègue dit que vous êtes paresseux ou laid ou mauvais dans votre travail, ce n’est probablement pas de la diffamation. Si quelqu’un vous traite d’une insulte, ce n’est peut-être pas de la diffamation.

Traque (stalking)

Au Canada, traquer quelqu’un est illégal. C’est ce qu’on appelle le harcèlement criminel.

Si une personne de votre milieu de travail se présente à plusieurs reprises à votre domicile sans être invitée, ou si un ancien partenaire se présente à plusieurs reprises à votre lieu de travail, c’est de la traque. Si un collègue ou un client vous envoie des textos, des courriels, ou vous appelle à répétition, ça peut aussi être de la traque. Si quelqu’un vous surveille et surveille où vous allez, ou vous suit, c’est aussi de la traque.

Le ministère de la Justice a publié une excellente brochure en ligne sur le harcèlement criminel intitulée Traquer quelqu’un est un crime appelé harcèlement criminel.

Divulgation de données personnelles et alerte malveillante

La divulgation de données personnelles est lorsque quelqu’un publie des renseignements personnels à votre sujet en ligne, comme votre adresse personnelle ou votre numéro de téléphone. Habituellement, c’est fait pour encourager ou aider d’autres personnes à vous harceler. L’alerte malveillante est lorsque des gens dupent délibérément la police ou d’autres services d’urgence pour qu’ils se rendent à votre domicile ou à votre lieu de travail en prétendant qu’il y a une urgence. Le but de l’alerte malveillante est de vous ennuyer, de vous effrayer ou de vous mettre en danger.

En vertu du droit canadien, la divulgation de données personnelles et l’alerte malveillante sont toutes les deux considérées comme des formes de harcèlement criminel.

Voyeurisme

Un voyeur est une personne qui filme, prend des photos ou vous regarde quand vous pensez que vous êtes dans un espace privé. Le voyeurisme est illégal.

La plupart des incidents de voyeurisme en milieu de travail se produisent dans des endroits où les gens peuvent être nus ou partiellement nus, comme des toilettes et des vestiaires. Si quelqu’un installe une caméra secrète dans une salle de bain au travail, c’est du voyeurisme. Si votre employeur installe une caméra dans un vestiaire, ça pourrait être du voyeurisme. Si quelqu’un vous regarde ou vous enregistre avec son téléphone secrètement lorsque vous pensez être seul, ou prend secrètement des photos indiscrètes de vous (comme en pointant son appareil photo sous votre jupe), c’est du voyeurisme. 

Le voyeurisme peut arriver à n’importe qui, mais vous pourriez être particulièrement à risque si votre lieu de travail est aussi l’endroit où vous vivez, si votre emploi vous oblige à changer de vêtements au travail, ou si vous allaitez ou pompez du lait au travail.

Proférer des menaces

En vertu de la loi, cela signifie que quelqu’un menace vous, vos biens ou vos animaux.

La menace n’a pas besoin d’être verbale—elle peut être envoyée par courriel, par texto ou publiée sur les médias sociaux. La menace n’a pas à être envoyée directement à vous: si quelqu’un dit à d’autres personnes qu’il va vous blesser ou vous tuer, y compris sur les médias sociaux, il enfreint la loi.

Discours haineux 

Au Canada, c’est un crime de susciter publiquement la haine contre un groupe identifiable, c’est-à-dire un groupe qui se distingue par « sa couleur, sa race, sa religion, son origine nationale ou ethnique, son âge, son sexe, son orientation sexuelle, son identité ou expression de genre ou son incapacité mentale ou physique ».

Alors, supposons que quelqu’un à votre travail publie sur les médias sociaux des messages d’hostilité, d’intolérance ou de violence à l’égard des femmes, des personnes transgenres, des musulmans ou d’un autre groupe. Cette personne pourrait être en train de commettre un crime.

Alors, devriez-vous vous adresser à la police

Nous ne pouvons pas répondre pour vous.

Si vous vous adressez à la police, elle pourrait ne pas vous prendre au sérieux. Ou elle pourrait lancer un processus d’enquête et juridique qui sera long et douloureux pour vous, et qui ne permettra pas à ce que justice soit faite.

Malgré cela, les experts disent qu’il n’y a pas qu’une seule bonne réponse. La bonne réponse, c’est ce qui est bon pour vous. C’est une décision tout à fait personnelle.

Quelles sont les solutions de rechange? De nombreux centres d’aide aux personnes ayant subi une agression sexuelle offrent des programmes de thérapie de groupe et certains offrent aussi des séances individuelles. Prendre soin de votre santé mentale est essentiel. Il est possible que trouver du soutien dans la communauté ou avec un thérapeute soit plutôt la bonne chose à faire pour vous.