Au début, c’était difficile de dire s’il était attiré par moi ou non; il était tellement plus vieux que moi que j’ai simplement écarté l’idée. Mais un jour, alors que nous discutions de mon émission de télé, il a mis sa main sur ma jambe. Je n’ai pas eu peur ou quoi que ce soit. Je me suis simplement demandé ce que je pouvais faire pour l’arrêter d’une façon professionnelle, d’une façon qui ne compromettrait pas les possibilités de carrière qui se présenteraient à moi plus tard. Ce n’est pas comme si j’avais accès à un service de ressources humaines—il n’y avait que moi et lui. C’était mon projet sur lequel il était venu travailler. Rien d’autre n’est arrivé et la situation en est restée là.
Le temps a passé et des frustrations ont commencé à se faire sentir entre moi et lui—par rapport à notre façon de travailler ensemble, pas sur le plan sexuel ou amoureux, du moins pas pour moi.
Plus tard, il m’a recrutée comme adjointe à la production pour un court métrage qu’il réalisait. Les plateaux de tournage me manquaient, alors j’ai accepté. Il n’arrêtait pas d’essayer de m’embrasser. Premièrement, ça ne se fait pas dans un milieu professionnel, même s’il s’agit de deux personnes en relation. Deuxièmement, je n’ai rien fait pour indiquer qu’il pouvait essayer de m’embrasser. Je ne l’ai pas embrassé, j’ai reculé. C’était en plein devant les autres, en plus. Il n’essayait pas de toucher les autres, seulement moi.
Encore plus tard, le même homme et moi avons été recrutés pour travailler ensemble une fois de plus—cette fois sur une télésérie. Il était le réalisateur, embauché après moi et le reste de l’équipe de scénaristes. L’ensemble de l’équipe de scénaristes était fortement en désaccord avec lui quant aux changements qui devaient être apportés au scénario. À ce moment-là, j’étais la seule femme à faire partie de l’équipe de scénaristes.
Il était également irritable avec les gars, mais j’avais certainement l’impression qu’il me prenait pour cible. J’ai honnêtement essayé de me comporter de façon professionnelle et de travailler adéquatement en équipe, surtout lorsque j’expliquais mes critiques par rapport à son travail—un travail qui aurait dû être laissé à l’équipe de scénaristes, et non à lui. Je n’étais pas du tout timide. J’ai dit ce que je pensais. J’ai fini par partir parce que, à l’époque, j’avais tellement de stress dans ma vie personnelle que je ne pouvais pas supporter de le gérer, lui.
À ce moment-là, il était en train de ternir sa réputation dans l’industrie, alors je ne craignais pas vraiment les représailles de sa part après mon départ. Je me sentais plus contrariée par lui que menacée.
J’ai commencé plus tard à parler de harcèlement sexuel dans l’industrie du cinéma. Certaines personnes ont dit que nous avons besoin de protocoles sur la façon de gérer professionnellement ces problèmes.
Dans la plupart des cas, la raison pour laquelle les gens ne disent pas fermement aux autres « Non, arrête! » n’a rien à voir avec la timidité; c’est entièrement parce qu’ils ont peur de mettre leur emploi en danger.
J’ai entendu tellement d’histoires d’horreur qui sont arrivées aux autres que la mienne n’est rien en comparaison—elle n’est pas vraiment grave. Mais le fait que ce soit quelque chose de petit, comme ce qui m’est arrivé, ou quelque chose d’horrifiant comme une agression n’a pas d’importance: nous devrions tous apprendre à nous protéger. Honnêtement, ces choses-là ne devraient même pas se produire.
Deux leçons que j’ai tirées c’est que j’ai besoin d’un plan de match pour savoir comment réagir si une situation comme celle-là devait se reproduire, et comment je me comporterais de façon professionnelle. Ça ne sert à rien d’espérer que la situation n’empire pas. Mon bien-être est plus important, comme celui des autres.