Je n’étais là que depuis deux mois environ avant d’être harcelée au moyen de la radio que tous les employés utilisaient pour communiquer entre eux lorsque nous travaillions. Un collègue m’a accusée à la radio d’obtenir des faveurs à cause des parties féminines de mon corps. J’ai été un peu ébranlée et prise au dépourvu. Par la suite, j’ai fini par parler à mon superviseur, qui avait aussi entendu les commentaires, et il a refusé de faire quelque chose. Il m’a dit que je pouvais confronter le travailleur seul à seul si je le voulais, mais il me disait essentiellement que je ne devais pas être offensée.
J’ai fini par confronter l’employé et il s’est sincèrement excusé. Il était presque en larmes quand il s’est excusé. Je n’ai plus jamais eu de problèmes avec lui, mais je me sentais encore mal à l’aise avec mon superviseur. Toutefois, je pensais avoir bien réglé le problème et je ne m’attendais pas à ce qu’il se passe quoi que ce soit d’autre.
Le deuxième incident s’est produit quelques semaines plus tard. Un autre employé masculin a levé ma chemise. Dans les jours et les semaines qui ont suivi, il a ensuite fait des remarques désobligeantes sur les parties du corps des femmes.
J’ai immédiatement parlé à mon superviseur de ce qui s’était passé et lui ai dit que j’avais besoin de quelques jours pour réfléchir à ce qu’il fallait faire au sujet de la situation. Je ne voulais pas prendre une décision sur un coup de tête.
Les commentaires offensants sur les femmes en général et les parties du corps des femmes étaient fréquents. L’homme qui a levé ma chemise disait qu’il ne regardait les tapis rouges que pour regarder le décolleté des femmes et les corps sexy. J’ai fini par écrire une déclaration officielle parce que ce qui se passait était tout simplement inacceptable. L’attitude des hommes avec qui j’ai travaillé était tout simplement irrespectueuse.
Le service des ressources humaines a fini par nous interroger, moi et l’homme qui avait levé ma chemise. Les RH ont conclu l’enquête sans me le dire. Dans les notes qu’elles ont envoyées à l’entreprise, elles ont dit que l’incident n’était qu’un malentendu. Je ne pouvais pas faire grand-chose, alors je n’ai pas donné suite.
Le troisième incident s’est produit des mois plus tard. Mon superviseur me harcelait sexuellement par texto—il me demandait de venir chez lui pour baiser. Il a été indirectement impliqué dans tous ces incidents parce que c’est lui qui était responsable d’y remédier en premier lieu. Il était au courant de tout ce qui m’arrivait et il a quand même fait le choix de m’envoyer ces textos.
Une enquête officielle a été lancée après le troisième incident. Toutefois, ça n’a pas été facile de faire en sorte que ça se produise parce que mon employeur essayait de se débarrasser de son obligation de rendre des comptes pour ne pas avoir bien géré le deuxième incident. Le lieu de travail était également syndiqué et j’ai été ignorée par trois représentants syndicaux différents.
J’étais sous contrat temporaire, mais on m’avait offert verbalement un poste permanent au sein de l’entreprise. Je n’avais pas l’intention de démissionner. C’était le meilleur emploi que j’avais jamais eu. Mais après m’être plainte, j’ai été congédiée.
J’ai perdu confiance envers les hommes avec qui je travaille. Je ne suis pas capable non plus de faire confiance à un gestionnaire. Je suis toujours sur mes gardes. Je comprends pourquoi les gens préfèrent ne pas signaler ces choses au travail parce que c’est voué à l’échec. Ton emploi est en jeu. Je me suis rendu compte que les gens qui sont censés te protéger ne sont pas là pour te protéger. J’ai mis du temps à m’en remettre.