Je suis quelqu’un de très ouvert, et je veux vraiment simplement prendre soin des autres. Je sais qu’à cause de cette nature, j’ai été la cible de gens, généralement des hommes cisgenres plus âgés, qui veulent me manipuler.
J’ai commencé à faire de la narration pour le studio à Vancouver quand j’avais environ 22 ou 23 ans. Quand le studio a déménagé dans un plus grand studio, j’ai commencé à travailler avec un nouvel ingénieur du son qui était ami avec l’homme qui m’avait donné le contrat. Ils étaient tous les deux au début de la quarantaine.
Au départ, je pensais qu’il était gentil. C’était un père de famille alors je croyais que je serais en sécurité. En raison de la nature du travail, j’interagissais seulement avec lui au quotidien. Il n’y avait personne d’autre au studio habituellement.
Au début, ce n’était que de longs câlins. Puis, quand la pandémie est arrivée, il s’est mis à m’inviter à fumer de l’herbe. Après avoir fumé, il demandait si on pouvait aller se coller. J’acceptais parce que sa mère était vraiment malade et qu’il vivait beaucoup de choses difficiles.
À cette époque, je travaillais avec lui depuis environ un an alors je lui faisais confiance. Il était toujours gentil avec moi. En y repensant, c’était de la sursexualisation. Il parlait de mon apparence et me faisait des compliments. Il aimait mes photos Instagram et parlait des vidéos de danse que je publiais en ligne. Alors quand il a commencé à dépasser les bornes, je n’y ai pas trop fait attention au début parce que les gens sexualisent tout le temps les femmes ou les personnes asiatiques.
Il était le fondateur de plusieurs soirées dans les bars et également un agent d’artistes. Je composais ma propre musique dans mes temps libres. Il me raccompagnait parfois après le travail et il me demandait quel genre de musique j’aimais et il me questionnait à propos des chansons que je composais. Mais de toute évidence, il ne se souciait pas de me conseiller ni de savoir vers où se dirigeait ma carrière musicale. Maintenant, en y repensant, c’était un comportement de vautour. Il m’achetait de la nourriture quand il me raccompagnait chez moi et me donnait des billets pour des consommations gratuites quand j’allais à ses soirées. J’ai aussi travaillé pour lui — j’ai travaillé à la porte et au vestiaire. C’était évidemment de l’exploitation parce que la quantité de travail que je faisais ne correspondait pas à ce que je recevais.
J’ai juste l’impression d’avoir toujours été la personne qui justifiait tout ce qu’il faisait. Dans mon esprit, c’était une figure paternelle qui avait été induite en erreur — je ne pouvais même pas imaginer qu’il me manipulait.
Après un moment, j’étais juste vraiment inconfortable. Chaque fois que nous étions dans le studio, il continuait à m’offrir du vin ou des drogues comme de la cocaïne. J’ai toujours refusé parce que ça nuisait à mon travail de prendre des substances du fait que mal articuler ruinerait tous mes enregistrements audio. Il est allé plus loin en me pinçant les fesses une fois. À un autre moment, il m’a fait un massage et a commencé à m’embrasser dans le cou. Je n’arrêtais pas de devoir dire non.
Finalement, j’ai envoyé un courriel au chef de la direction. Après ça, j’ai eu une rencontre avec une personne des ressources humaines, une femme blanche cisgenre hétérosexuelle. Cela a pris environ deux semaines. Ils ont aussi appelé mon ex, qui était mon partenaire à l’époque, pour lui parler de son point de vue et de ce que je lui avais dit.
Ils ont mis l’agresseur à la porte. J’ai demandé aux ressources humaines de l’argent pour payer une thérapie et, finalement, ils m’ont remboursé 300 $, ce qui n’est pas beaucoup. Ça équivaut à environ deux séances. Ils m’ont aussi dit: « Ne parlez à personne de ce sujet, ne dites rien pour ne pas nuire à sa réputation. »
À l’origine, ma candidature avait été retenue pour faire davantage de narration pour une émission que le studio produisait, mais après cet incident, ils ont fini par embaucher une autre personne. Ils ont affirmé que je n’étais pas disponible, mais je l’étais.
Quand quelqu’un dépasse tes limites, même si c’est quelque chose de petit, on ne devrait pas justifier leurs actions parce que, en fin de compte, ce ne serait pas juste pour toi. Les agresseurs sont des gens toxiques — tu ne peux pas mettre le blâme sur toi.